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mardi, 17 novembre 2009

Obama prend quelques libertés

pict_203224.jpgLes deux pays ont beau avoir été des ennemis et rester des rivaux sur la scène internationale, il n’est pas de plus grand événement diplomatique, en Chine, que la visite d’un président américain. Depuis celle, historique, de Richard Nixon en 1972, que la presse avait qualifiée de "voyage sur la Lune" car les Américains en savaient alors plus sur celle-ci que sur la Chine de Mao, ces visites ont été autant de moments paroxysmiques dans les relations bilatérales. S’il s’est agi à chaque fois de rappeler les divergences qui fâchent, sans réel espoir de vider aucun des contentieux, c’était aussi, pour les dirigeants chinois, l’occasion de montrer qu’après deux décennies d’ostracisme occidental, le monde - et les Etats-Unis en l’occurrence - fut bien obligé de reconnaître la Chine communiste et de composer ensuite avec elle.

La venue de Barack Obama ne déroge pas à la règle, même s’il devait y avoir, cette fois, une pointe d’inquiétude à Pékin, liée à la personnalité du nouveau président. S’il n’avait globalement guère réussi à se faire aimer à l’étranger, George W. Bush avait, en effet, remporté son principal succès de politique extérieure en élevant les relations sino-américaines à un rare degré d’excellence. La lutte contre le terrorisme y était pour quelque chose dans la mesure où cette obsession de la Maison-Blanche l’inclinait notamment à fermer plus volontiers les yeux sur les violations des droits de l’homme en Chine, dans les régions peuplées de minorités ethniques surtout et en particulier dans le Xinjiang musulman.

Les dirigeants chinois avaient donc appelé le nouveau président américain, dès son élection, à ne pas mettre en péril l’héritage de son prédécesseur. Ils ont été en partie rassurés dans la mesure où la crise économique s’est substituée au terrorisme pour justifier une solidarité objective au nom d’intérêts communs. Celle-ci va d’autant plus de soi que Chinois et Américains se tiennent en quelque sorte par la barbichette. D’un côté, la Chine communiste est devenue le premier créancier de l’Amérique capitaliste (elle a investi une partie considérable de ses réserves en bons du Trésor américain). De l’autre, les Etats-Unis sont un des moteurs essentiels de l’économie chinoise en demeurant un de ses principaux clients. Les Américains achètent cinq fois plus à la Chine qu’ils ne lui vendent, creusant un déficit commercial vertigineux : 268 milliards de dollars en 2008, soit la moitié du déficit total du commerce extérieur américain. Pour donner une idée de la dépendance commerciale des Etats-Unis à l’égard de la Chine - et réciproquement - il suffit de considérer qu’ils achètent pratiquement autant à la lointaine Chine qu’au Canada voisin.