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jeudi, 05 mars 2009

Le président soudanais est inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité au Darfour

La décision est tombée. La Cour pénale internationale (CPI) a lancé, mercredi, un mandat d’arrêt contre Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. La Cour n’a pas retenu l’accusation de génocide, contrairement à ce qu’avait demandé Luis Moreno-Ocampo. Dans le pays, les casques bleus sont sur le qui-vive. Ils redoutent de possibles affrontements entre la population et l’armée soudanaise, après l’annonce de cette décision.
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C’est une première historique. La Cour pénale internationale (CPI) a lancé, mercredi, un mandat d’arrêt contre un président en fonction, le Soudanais Omar el-Béchir, pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité au Darfour. Cependant la Cour n’a pas retenu l’accusation de génocide, contrairement à ce qu’avait demandé le procureur. Cette décision n’a, pour l’heure, qu’une valeur symbolique. Omar el-Béchir a précisé, mardi, que le verdict de la CPI « n’aurait aucune valeur » à ses yeux. Les assauts répétés du procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, n’auront pas réussi à faire plier le chef de l’Etat soudanais. Et ce malgré l’existence de « lourdes preuves » rapportées, mardi, par Luis Moreno-Ocampo. Dans sa requête à la Cour, le procureur avait estimé que le président du Soudan était pénalement responsable du génocide des ethnies four, masalit et zaghawa.

Le front de soutien au président El-Béchir

Après l’annonce de cette décision, les représailles présidentielles contre la CPI ne devraient pas se faire attendre. Mardi, la tension était palpable dans le pays. En prévision d’éventuels affrontements, les Nations Unies ont renforcé leur dispositif de sécurité. « Il y a beaucoup plus de forces de sécurité visibles sur le terrain au Darfour », a expliqué, mardi, à l’AFP, un responsable de la force de maintien de la paix ONU-Union Africaine au Darfour (Minuad). Selon la mission onusienne, l’armée soudanaise prévoit une « démonstration de force » à El-Facher, capitale historique de l’ancien sultanat du Darfour. Et les autorités du pays ont déjà prévenu la population locale que toute déclaration publique en faveur de la CPI serait passible de répression.

Si Omar El-Béchir se permet de narguer la CPI, c’est qu’il bénéficie de puissants appuis. Ses partenaires économiques ont tous répondu présents. Ils ont posé leur véto au mandat d’arrêt, lancé le 14 juillet dernier, par la CPI contre le président soudanais. La Chine, L’Union Africaine (UA), la Russie, la Ligue arabe, L’Egypte, la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis comptent parmi ses plus fidèles alliés. Omar el-Béchir n’a eu qu’à agiter les richesses pétrolières de son pays, pour que ses partenaires rallient sa cause. Certains des pays, qui constituent le front de soutien d’Omar el-Béchir, ont d’ailleurs incité le Conseil de Sécurité des Nations Unies à invoquer l’article 16 du traité de Rome. Celui-ci oblige la CPI à surseoir toute enquête ou poursuite dans un délai de douze mois, renouvelable pendant trois ans.

Le ralentissement du processus de paix

Outre la volonté de préserver leur partenaire économique, les pays voient dans cette inculpation le ralentissement voire le blocage du processus de paix et la violation de la souveraineté du pays. Beaucoup accusent en outre la CPI de tenter d’intimider les pays Africains en brandissant la menace d’une justice internationale supplantant les tribunaux nationaux. L’intensification de la campagne militaire d’Omar el-Béchir est aussi à craindre dans ce pays, en proie depuis 2003, à une guerre civile entre les forces régulières et les rebelles régionaux. Le conflit a déjà coûté la vie à 300 000 personnes et contraint près de 2,5 millions de civils au déplacement.

Pour l’instant, la décision de la CPI ne menace pas véritablement le président soudanais qui peut continuer à couler des jours heureux dans son pays… comme si de rien n’était.