Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

lundi, 05 juillet 2010

EurAc s’inquiète de la violence et du déficit démocratique dans la période pré-électorale au Rwanda

EurAc, le réseau des ONG européennes pour le plaidoyer sur l’Afrique Centrale, suit depuis début 2010 avec beaucoup d’attention et d’inquiétudes la préparation des élections présidentielles au Rwanda, prévues le 9 août prochain.

Nous avons vu comment les partis d’opposition, qui se préparaient pour la campagne électorale, ont été écartés et comment l’espace politique s’est verrouillé à travers :

  • le monopole du régime sur les médias, lesquels ont diabolisé de façon permanente les partis d’opposition et leurs leaders ;
  • l’intimidation verbale et physique des partis d’opposition, de leurs leaders, de leurs cadres et militants ;
  • la création d’un cadre légal qui permet au régime d’entamer en peu de temps une démarche juridique contre laquelle l’opposition peut difficilement se défendre (fondée sur les accusations de diffusion de l’idéologie génocidaire et du divisionnisme, notions très larges et volontairement peu précisées dans la loi). Ce cadre paralyse les leaders de l’opposition dans leurs activités quotidiennes et est utilisé pour les empêcher d’exercer leurs droits politiques ;
  • une politique administrative qui vise à empêcher l’opposition de se faire enregistrer, de s’implanter, d’organiser des réunions ou de se faire connaître auprès du grand public ;
  • l’infiltration des partis d’opposition pour les déstabiliser de l’intérieur.

 De plus, nous avons également vu une grande nervosité au sein du premier cercle du pouvoir rwandais, et notamment dans l’armée. La fuite du Général Faustin Kayumba Nyamwasa en Afrique du Sud et l’arrestation des Généraux Emmanuel Karenzi Karake et Charles Muhire ont démontré que, en essayent de maintenir un contrôle total sur la société dans cette période pré-électorale,  le régime rwandais est en train de perdre sa cohésion et son sang froid.

Ces dernières semaines, EurAc a constaté une accélération de l’insécurité et l’augmentation des actes de violence, ce qui s’est traduit entre autres par :

  • la tentative d’assassinat du Général Kayumba Nyamwasa, le 19 juin 2010, à Johannesburg. Depuis son arrivée en Afrique du Sud fin février, le Général avait exprimé des critiques très explicites et publiques à propos du président Kagame et de son gouvernement ;
  • L’assassinat, le 24 juin, à Nyamirambo (Kigali) du journaliste Jean-Léonard Rugambage. Il travaillait pour le journal indépendant Umuvugizi qui avait été suspendu en avril 2010. Umuvugizi avait écrit que l’on pouvait voir la main du gouvernement derrière l’attentat contre Nyamwasa et que Jean-Léonard Rugambare menait des investigations sur la question ;
  • L’intimidation, l’arrestation et le mauvais traitement, les 24 et 25 juin, de cadres, militants et leaders de deux partis d’opposition, le PS-Imberakuri et FDU-Inkingini.

 

EurAc est particulièrement préoccupé par la violence effective et potentielle autour des élections rwandaises. EurAc recommande à l’Union européenne de donner, dans le cadre de son dialogue politique avec le Rwanda, un signal fort et clair au gouvernement rwandais pour qu’il prenne des mesures en faveur de la stabilité politique et de la tenue d’élections libres et transparentes, et notamment qu’il :

 

  • respecte les principes démocratiques à la veille des élections, n’empêche  pas l’enregistrement des partis d’opposition, ne les empêche pas de travailler à la base et, enfin, ne cherche pas à les démanteler;
  • cesse les harcèlements politiques et policiers à l’encontre des leaders et des membres de l’opposition ;
  • n’utilise pas les médias publics pour la diabolisation de ses opposants ;
  • respecte et protége l’espace d’expression libre et la diversité d’opinion pour une société civile et une presse indépendantes.

 

EurAc souhaite que l’Union européenne exprime son inquiétude par rapport à la situation actuelle et qu’elle réagisse à l’assassinat de Jean-Léopold Rugambare avec la même indignation et la même consternation dont elle a fait preuve à l’annonce de la mort de Floribert Chebeya.

Kris BERWOUTS

Directeur EurAc

11:00 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eurac |  del.icio.us |  Facebook | | |