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jeudi, 23 avril 2009

Belgique:Le racisme, plus répandu qu’on le croit et souvent impuni

Une large enquête européenne démontre que le racisme et les discriminations sont très réels dans l’UE, mais les victimes ne portent pas plainte. Par résignation ou par peur. En Belgique, le Centre pour l’égalité des chances confirme et déplore un manque de confiance dans les services de police, mais aussi dans les institutions en général. aa.jpg
« L’enquête révèle que la discrimination, le harcèlement et les violences à caractère racial sont beaucoup plus répandus que ce que les statistiques officielles indiquent », a souligné Morten Kjaerum, directeur de l’Agence des droits fondamentaux de l’UE, en présentant cette étude.

Cette étude est la première enquête qualitative à grande échelle réalisée sur le sujet, permettant des résultats comparables entre les 27 Etats membres. L’enquête a été menée dans les 27 états membres auprès de 23.500 personnes des minorités et des groupes d’immigrés. En Belgique, les communautés turques et marocaines ont été interrogées.

« Il y a un problème de racisme dans toute l’UE et nous présentons des preuves à ceux des pays qui le nient », a abondé Joanna Goodey, une autre responsable de cette agence créée en 2007.

« En outre, 5.000 personnes des populations majoritaires vivant dans les mêmes régions que des minorités ont été interrogées dans dix pays européens pour permettre la comparaison de certains résultats », a précisé Mme Goodey.

« Ses résultats seront soumis à la Commission européenne. Ils visent à lancer le débat et à permettre l’adoption de mesures », a expliqué M. Kjaerum.

« Mais les discriminations et les violences raciales sont rarement signalées et celles qui le sont sont la pointe de l’iceberg », a souligné M. Kjaerum. « Les victimes ont expliqué au cours de l’enquête que porter plainte ne changerait rien, que cela arrivait tout le temps et que porter plainte pourrait leur nuire », a-t-il poursuivi. « Beaucoup évitent de se rendre dans certains endroits par peur d’être victimes d’agressions racistes, ce qui ne va pas dans le sens de l’intégration des minorités et des migrants prônée dans l’UE », a-t-il souligné.

La discrimination est très répandue en Belgique
Plus des trois quarts (76 %) des Nord-Africains de Belgique estiment que la discrimination sur base de l’origine ethnique est très répandue. En Italie (94 %) et en France (88 %), ce sentiment est plus élevé encore. Il l’est par contre un peu moins aux Pays-Bas (66 %) et en Espagne (54 %).

Au sein de la communauté turque, 69 % des personnes établies en Belgique trouvent que la discrimination est très répandue, soit davantage que dans tous les autres pays européens où cette communauté est importante. Cette perception se retrouve à 61 % aux Pays-Bas, à 58 % au Danemark, à 52 % en Allemagne, à 32 % en Autriche et à peine 15 % en Bulgarie, pays voisin de la Turquie.

La minorité Rom déplore l’ostracisme dont elle est victime en Hongrie, en République Tchèque, en Slovaquie, en Grèce et en Pologne.

Les Roumains, pourtant citoyens de l’UE depuis 2004, ne se sentent pas acceptés en Italie, et les Brésiliens se disent mal aimés au Portugal.

(afp, belga)