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jeudi, 24 avril 2008

RDC:Les Belges ont tort d’avoir peur

Avez-vous abordé avec les Belges la question des contrats conclus avec la Chine ?

Certainement, et ce point avait déjà été soulevé par d’autres pays. Tous nous ont compris, sauf la Belgique, alors que nous expliquions qu’il s’agissait avant tout d’un contrat commercial, très important pour nous. Le Congo a besoin de se développer, le plus vite possible. Afrique du Sud, Angola, Congo-Brazzaville et tant d’autres ont déjà conclu des contrats avec les Chinois et ces pays commencent à se développer à une vitesse incroyable.

Je ne vois pas pourquoi on empêcherait la RDC de décider des initiatives pour prendre à son tour son envol. On a besoin aussi d’hôpitaux, de l’accès aux soins pour tous, des écoles, il faut créer des emplois. L’option chinoise a été prise, et on assume, c’est tout à fait irréversible. Je sais qu’au niveau des institutions de Bretton Woods (Banque mondiale et Fonds monétaire international, NDLR), il y a débat, mais la porte demeure ouverte, nous continuons à dialoguer avec eux.

Les Belges ont tort d’avoir peur. Nous devons construire plus de 150.000 km de routes, avec en priorité 15.000 km de routes asphaltées en une quinzaine d’années ! Les Chinois en construiront 3.000 : il y a encore de la place pour tout le monde, la reconstruction de ce pays ne se fera pas qu’avec les Chinois… Elle se fera avec tout le monde, avec nos partenaires de bonne foi, et avant tout avec nous-mêmes…

Vous savez, tout le monde parle des contrats avec la Chine, mais qui évoque par exemple le cas de Tenke Fungurume, le plus grand gisement de cuivre du monde : c’est la société américaine Freeport Mac Rohan qui a conclu un contrat où la Gecamines reçoit 12 % et l’Etat congolais 5 %. C’est choquant, ce contrat va être revisité mais personne ne parle de cela.

Ce recours aux Chinois n’est-il pas le résultat d’une déception par rapport à l’aide occidentale ?

Avant les élections déjà, j’avais fait des promesses à la population, sur la base d’engagements pris entre autres par la Banque mondiale. Par exemple, alors que j’étais de passage à Kikwit en 2002, j’avais promis à la population qu’elle aurait une route la reliant à Kinshasa, sur base d’une promesse faite par M. Prodi, au nom de l’Union européenne. Jusqu’à ce jour, on n’a rien vu, et il y a beaucoup d’exemples comme celui-là. Je crois donc qu’avec nos partenaires, il faut commencer à se dire quelques vérités et pas seulement d’un seul côté. Ma vérité à moi, c’est qu’ils n’ont pas été assez rapides. Chez moi à Ankoro, on dit ceci : « Deux promesses non tenues, c’est déjà un mensonge… » On m’a fait tellement de promesses jamais concrétisées…

J’en ai conclu qu’au lieu d’additionner les promesses, le Congo devait d’abord compter sur ses propres ressources, les ressources naturelles mais surtout humaines…

Parfois je pense à 2010, lorsque nous célébrerons le 50e anniversaire de l’indépendance et je me demande ce que nous pourrons montrer à cette population.

J’espère qu’à cette date, on sera en plein chantier partout dans le pays, qu’il y aura des travaux partout… Le redressement de ce pays, c’est un très grand défi, les priorités sont partout, tout est à refaire et nos partenaires doivent aussi apprécier les efforts, les sacrifices consentis depuis six, sept ans.