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mardi, 07 avril 2015

Forbes : Knowdys décode l’impact économique de Boko Haram

[Africa Diligence] Le magazine qui classe les plus grandes fortunes mondiales ne pouvait pas ne pas s’intéresser au financement du terrorisme et à l’impact économique de Boko Haram. Pour Forbes Afrique, Guy Gweth, fondateur de Knowdys, a sorti la calculette dans le numéro de mars (en kiosque durant le mois d’avril 2015), pages 48-51. Morceaux choisis.

Forbes Afrique : Que peut-on dire de la guerre menée contre Boko Haram?

Guy Gweth : C’est une nouvelle génération de guerre dite asymétrique, marquée par une dissymétrie des moyens (quatre armées nationales contre une seule) et où le cyberespace est un champ de bataille à part entière.

Les vidéos postées par Boko Haram sont diffusées de manière virale et reprises, y compris par les médias d’État qui participent ainsi, malgré eux, à la propagande de la secte islamiste dont l’effet final recherché est de terroriser l’ennemi et de transformer sa faiblesse numérique, à elle, en supériorité stratégique.

Cette guerre qui se déroule au triple niveau du renseignement, de la stratégie et de l’action, nécessite une approche et un entrainement dont seule dispose l’armée tchadienne à l’état actuel des forces. D’où les problèmes de leadership qui ont un temps opposé Abuja et N’Djamena quant à la pénétration des soldats tchadiens en territoire nigérian.

Quels enjeux économiques entourent cette guerre?

Pour cerner les enjeux de cette guerre, au-delà du financement de Boko Haram (qui est un sujet à part), faisons trois observations en nous focalisant sur l’épicentre du problème : le Nigeria.

Primo, si vous observez attentivement: les actions destructrices de Boko Haram sont en croissance exponentielle depuis que le Nigeria est officiellement devenu la première puissance économique d’Afrique. Si rien n’a fondamentalement changé dans les revenus des Nigérians (qui ne sont pas devenus plus riches après ce simple changement de méthode de calcul du PIB), quelque chose a bougé dans leurs perceptions. Citoyens du pays le plus riche d’Afrique, ils demandent logiquement plus à leur État, avec le risque que les laissés-pour-compte n’aillent grossir les rangs des terroristes. Je rappelle que 60% de Nigérians vivent avec 1 dollar US par jour et que 63% de la population ont moins de 25 ans dont 37% au chômage.

Secundo, une observation attentive montre que les États du nord du Nigeria, où Boko Haram a établi sa base arrière, avaient autrefois une économie florissante composée des industries textiles et de l’huile de palme. Ces activités économiques ont atteint leur apogée dans les années 70 avant d’amorcer un déclin que la concurrence internationale a complètement achevé au début des années 90.

Au premier trimestre 2015, les États du nord du Nigeria, Adamawa et Yobe notamment, sont parmi les pays les plus sinistrés du Nigeria, avec des taux de pauvreté qui atteignent 70%. Dans l’État de Borno, berceau de Boko Haram, 83% des jeunes sont analphabètes et 49% d’enfants ne vont pas à l’école. Moins de 2% sont vaccinés parmi les moins de 18 mois et 47% souffrent de malnutrition, d’après les Nations Unies.

Tercio, l’impact sur le tourisme et sur certains investissements infrastructurels est carrément apocalyptique. Plusieurs compagnies d’assurance n’hésitent pas à dire à nos clients « nous ne pouvons pas assurer votre personnel si vous y allez […] La région est trop risquée pour les étrangers. »

La Rédaction (avec Forbes Afrique)

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