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vendredi, 25 juillet 2014

Sénégal: Sauver le Prince à tout prix!

Karim Meïssa Wade n’est pas n’importe qui. Il est « l’Intelligent », « le Compétent », « le Travailleur », « Badu-Mën léep ». Son papa eut la mission d’exhiber ses mérites et s’en acquitta avec un zèle prodigieux. Les Sénégalais attendirent patiemment les élections municipales du 23 mars 2009 pour montrer clairement qu’ils veulent cet individu hors des affaires. « Génération du concret », énormes responsabilités, argent à gogo, bandes de laudateurs, rien n’y fit. Me Wade, le « démocrate », méprisa la voix des urnes et offrit à son fils, au grand dam des populations, de quoi entrer dans le Guinness Book : ministre d'État, ministre de la Coopération internationale, ministre de l'Aménagement du territoire, ministre des Transports aériens, ministre des Infrastructures, ministre de l’Energie... Avec, avant même son entrée dans le gouvernement, des centaines de milliards de francs que les élus du peuple ne devaient pas contrôler. Il ne s’agit évidemment pas d’un Sénégalais comme les autres. Quiconque se dressait sur son chemin, avait de sérieux ennuis. Un président de l’Assemblée nationale fut humilié jusqu’au-delà de ce qui est acceptable par la dignité humaine et jeté comme une ordure, « Foumalkan ! » comme disait Oustaz Seck, juste parce qu’il avait osé croire que le peuple a le droit de savoir ce qu’on fait de son argent.

 

En détrônant sévèrement Me Abdoulaye Wade pour confier le pays à Macky Sall, les électeurs se disaient que la tâche serait enfin accomplie. Que le perdant et le gagnant laissent la Justice faire son travail jusqu’au bout, c’est tout ce qu’on leur demande. Karim n’est pas le seul sur la liste, mais n’était-il pas perché au-dessus de tous les autres ? Les « coof » d’abord, les « yabooy » ensuite. Wade-père ne veut pas l’entendre de cette oreille et est prêt à tout pour protéger son fils. S’il doit mettre le pays à feu et à sang pour y arriver, des fils de « baadola » risqueront de remplir les morgues.

 

N’est-ce pas Me Wade qui disait aux enfants des autres : « Les policiers sont des hommes comme vous. S’ils vous frappent, ripostez, prenez des chaînes de vélo… » ? Pendant ce temps, les siens se la coulaient douce à des milliers de kilomètres des grenades lacrymogènes, des coups de « liif » et des balles perdues. Les chômeurs à qui il disait de lever la main, ont vu son fils et sa fille, tels des pique-assiettes, débarquer d’Europe pour récolter les fruits de leur combat. Quand beaucoup d’entre eux, leurs espoirs anéantis, prenaient les « pirogues de la mort » pour tenter leur chance ailleurs, le Prince se déplaçait en jet privé, lequel aurait coûté 12 milliards de francs au contribuable sénégalais, sans le moindre contrôle douanier, du jamais vu dans l’histoire du Sénégal, et la Princesse s’illustrait lamentablement dans des rallyes. On veut nous faire croire que Karim était riche comme Crésus avant l’alternance, mais en 2000, son papa dans la déche et quémandant des sous par-ci, par-là, de jeunes patriotes organisaient des marches bleues pour le faire accéder au pouvoir parce que ne trouvant pas de quoi financer des meetings et autres. Comment admettre que Karim possédait une immense fortune ? Ce n’est pas crédible, waay.

 

Il est possible de fabriquer des « preuves », d’en dissimuler d’autres et de payer de grands avocats, mais pour Gorgui Wade, le meilleur moyen d’assurer l’impunité à sa famille, était de garder le pouvoir, quitte à piétiner les lois de la République. Au lieu de sortir par la grande porte en s’accordant une retraite tranquille pour écrire ses mémoires ou se consacrer aux actes de dévotion, il imposa à ses compatriotes sa candidature à un troisième mandat auquel il n’avait pas droit. Sachant ses chances très maigres et ne voulant reculer devant rien, il tenta d’instaurer le « quart bloquant » qui lui aurait permis d’être réélu dès le premier tour, avec seulement 25% des voix. Le 23 juin 2011, il vit qu’il ne dirigeait pas des moutons. On connait la suite. C’est pourquoi on ne peut que sourire en se demandant sur quelle planète vit Me Ousmane Ngom, lui qui tient des propos du style « Macky Sall veut la tête de Karim Wade parce qu’il serait un dangereux concurrent en 2017. » Que dira-t-il quand la Princesse aura à s’expliquer sur la gestion du Fesman ? Que dira-t-il quand viendra son tour à lui, ex puissant ministre de l’Intérieur ?

 

         Wade et ses partisans parlent de porter plainte contre Macky Sall pour «enrichissement illicite». Des voleurs qui crient au voleur ? Ce n’est pas une priorité pour les Sénégalais. La propreté des mains de certains dirigeants actuels, et pas des moindres, est certes douteuse, mais chaque chose en son temps. Le moment venu, Macky et son équipe auront aussi à rendre compte de leur gestion des deniers publics. Les « alternoceurs » peuvent donc déballer tout ce qu’ils savent. Le peuple en prendra acte tout en réclamant la poursuite des audits actuels.

 

Wade-père a essayé d’y mêler la communauté internationale. Peine perdue. Le président Ouattara est bien gentil, mais il a d’autres chats à fouetter en Côte-d’Ivoire où le gouvernement vient d’être dissous. Les missions diplomatiques accréditées au Sénégal, n’en parlons même pas. Personne ne dira à un pays souverain de ne pas laisser la Justice faire son travail. Il va alors s’adresser aux marabouts et autres chefs religieux, avertit-on. Wade-fils a la même feuille de route. Mais pour dire quoi à ces hommes de Dieu ? « Les Sénégalais veulent savoir ce que nous avons fait de leur argent et tiennent à récupérer ce qui leur a été volé » ? « Nous nous sommes enrichis illicitement, mais nous ne sommes pas les seuls » ou, à certains d’entre eux : « Vous receviez votre part du butin, donc intervenez pour qu’on arrête les enquêtes » ?

 

Après avoir déclaré que son fils, Karim, est blanc comme neige, son cas n’étant que théorisé, Me Wade laisse entendre qu’il se fait beaucoup plus de soucis pour Cheikh Béthio Thioune. Sait-il qu’en disant cela, il enfonce ce dernier qui ne doit donc pas être tout blanc ? Difficile de ne pas y voir une tentative de manipulation. Njomboor a révélé qu’il a les moyens de rendre le pays ingouvernable et il y a des raisons de le prendre au sérieux. Les troubles à l’ordre public attribués aux Thiantakones, suite au transfèrement de leur guide, lui ont peut-être donné des idées. Qu’il n’oublie pas que les forces de répression ne sont plus sous ses ordres.

 

Me Ousmane Ngom, encore lui, porte-parole d'une monarchie déchue, annonce qu’ils vont saisir la Cour suprême pour faire annuler les procès-verbaux d’auditions. S’ils n’ont rien à se reprocher, pourquoi toute cette agitation ? Le « vieux » aurait donné à ceux qui ont des comptes à rendre aux citoyens, la consigne de ne pas répondre aux convocations de la CREI (Cour de Répression de l'Enrichissement Illicite). Et dire que cet avocat fut, pendant douze années, le gardien de la Constitution. Faut-il en rire ou en pleurer ? Finalement, son fiston est revenu au Sénégal, sans mandat d’amener ni mandat d’arrêt international, pour se présenter devant les enquêteurs. C’est plus sage. Que la lumière soit faite ! 

 

Bathie Ngoye THIAM

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