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mercredi, 14 mai 2014

RDC:Si j’étais Joseph Kabila par Bamba-di-Lelo

Après le passage fort remarqué du secrétaire d’Etat américain, John F. Kerry, à Kinshasa et après sa mise en garde, à peine voilée, demandant à Joseph Kabila de respecter la Constitution et de ne pas la modifier pour ses propres intérêts, rien ne sera plus comment avant au Congo démocratique. 

Il revient donc à Kabila d’en tirer les conséquences qui s’imposent car l’Amérique a de la suite dans les idées. Le président sortant congolais est désormais sous surveillance de l’Oncle Sam. Il lui sera difficile voire impossible de réaliser un nouvel hold-up institutionnel en briguant un troisième mandat. Il est prévenu en mondovision : le 16 décembre 2016, il doit passer la main.

L’opinion publique congolaise a tiré suite aux propos de l’émissaire américain, la leçon suivante tirée du discours prononcé, en juillet 2009, par le président Barack Obama à Accra, au Ghana : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts. Elle a besoin d’institutions fortes.» En clair, le continent noir n’a que faire d’hommes providentiels autoproclamés. Le peuple congolais lui est fatigué d’être dirigé par un despote non-éclairé et sanguinaire.

A Kinshasa, le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement, le même, sans oublier quelques oligarques de la mouvance kabiliste tentent maladroitement de minimiser la portée des propos du 
chef

de la diplomatie américaine. Or, ces propos ont été prononcés dans un contexte très compréhensible pour le commun des mortels. Malheureusement, tous ces oligarques s’obstinent à ne pas regarder la réalité en face. Ils évitent, consciemment ou inconsciemment, de reconnaître les signes du temps. Les kabilistes estiment n’avoir pas d’autres choix que de recourir à la corruption, à l’achat des consciences pourvu que le verrou constitutionnel saute! Ainsi, cela pourrait permettre à cet OVNI politique - c’est-à-dire l’actuel locataire du palais de la Nation - de garder son fauteuil.

Si j’étais Joseph Kabila, je prendrais la mesure de la gravité de la situation. Je commencerais, sans trop me poser des questions, à préparer mes valises. Sans oublier celles de ma fratrie. 

Pourquoi ?

Primo, l’accueil enthousiaste réservé à la position du gouvernement américain a mis à nu le fossé qui sépare les citoyens congolais et les oligarques du régime en place. 

Secundo, les représentants des forces politiques et sociales, quant à eux, restent déterminés et appellent, de tous leurs vœux, l’alternance démocratique. Ils veulent donc, un autre avenir pour le Congo et les Congolais.

Pour cela, ces représentants ont déjà annoncé la couleur, par le passé, et sont prêts, aujourd’hui, à bloquer toute nouvelle tentative de modification des articles 70 et 220 de la Constitution, empêchant ainsi, à quiconque, toute ambition de se pérenniser au pouvoir par défi et par mépris de la loi. Oui, ces acteurs socio-politiques sont prêts à se livrer au sacrifice suprême, même si Joseph Kabila devait enjamber leurs cadavres. Joseph Kabila doit d’ailleurs, savoir que son régime est dans son lit de mort. Il ne pourra pas en être autrement ! C’est la loi de la nature : tout a une fin! 

Tertio, on n’a pas besoin d’un sondage d’opinion, à caractère scientifique, pour mesurer le record d’impopularité battu par Joseph Kabila. En cause, outre des promesses non-tenues, il y a un bilan humain sanglant et absolument calamiteux au plan social et économique. L’homme est vomi et méprisé aux quatre coins du pays. Il est devenu, ipso facto, l’ennemi public n°1 des 70 millions de Congolais. 

La mission première de l’Etat est d’assurer sa survie, de défendre le territoire national contre les invasions extérieures, et de protéger la population à l’intérieure des frontières ou en dehors comme c’est le cas au Congo Brazzaville et en Angola !

Joseph Kabila s’est montré, depuis 13 ans de règne, incapable, et peut-être, complice des bandes armées qui tuent et pillent dans le Nord et Sud-Kivu, la Province Orientale, et le Katanga. Plus de 8 millions des Congolais sont morts dans ces régions sinistrées, et le gouvernement central peine à fournir les raisons de ces tueries à grande échelle. De même, Joseph Kabila demeure bizarrement aphone face aux expulsions sauvages et sans sommation opérées par Brazzaville, contre nos concitoyens qui s’y étaient déjà installés, pour fuir la misère atroce que vit le Congo-Kinshasa, par absence d’une politique sociale cohérente, qui prend en son compte, la satisfaction des besoins primaires de la population.

Et pourtant, en 2006, lors de la campagne présidentielle, Joseph Kabila s’est autoproclamé artisan de la paix. Alors que cette paix, on la cherche désespérément !

En 2007, Joseph Kabila a lancé le programme des 5 chantiers. A savoir : la santé, l’eau et l’électricité, l’éducation, les infrastructures, l’emploi et l’habitat. Rien n’a été fait sauf quelques routes goudronnées. Pire, en 13 ans de pouvoir, sans partage, l’homme n’a pas été capable d’octroyer aux citoyens une authentique carte d’identité. Depuis 2006, c’est la carte d’électeur qui en tient lieu. Quelle infamie!

On se rappellera qu’en décembre 2011, Joseph Kabila a dit, au cours d’un point de presse, sa volonté de faire du Congo un pays émergent, et ce, grâce à la révolution de la modernité. A deux ans de la fin de son mandat, acquis par défi, où se trouve dès lors la modernité ?et où se manifeste donc l’émergence ? On ne voit toujours rien, sauf, l’enrichissement éhonté de Joseph Kabila lui-même, et de sa famille biologique et politique, qui frise le scandale. Le bradage des minerais et la privatisation de l’Etat, n’en demeurent pas moins des piliers qui alimentent ses caisses et éventuellement son entourage. Les Forces de Sécurité sont transformées en milice du pouvoir pour faire taire les contestations et régler leur compte aux récalcitrants. De même, la Justice a perdu son rôle, et ne dit le droit qu’en faveur des puissants, particulièrement à la meilleure tête du client. Appendice de la présidence de la République, la Justice congolaise en est devenue la parfaite auxiliaire.

Depuis l’avènement inattendu de Joseph Kabila au sommet de l’Etat, la R.D.C. a perdu son visage, ses marques et son destin, car réduit à une sous-colonie du Rwanda et de l’Ouganda, le Congo a été mis au pas par un pouvoir étranger qui lui impose la marche à suivre. Et les Congolais ont courbé l’échine sans trop broncher, du fait que quelques leaders et héros congolais, eux, ont osé lever la tête, on les a décapités et réduits ainsi au silence, et le peuple regardait sans réaction qui eût été digne de lui !

Toutes les rébellions qui secouent la partie orientale du pays, proviennent de ces deux pays, le Rwanda de Kagame et l’Uganda de Museveni. La rébellion de l’AFDL qui a chassé Joseph-Désiré Mobutu du pouvoir, un certain 17 mai 1997, est venue, me semble-t-il, de ces deux pays. De ce fait, le Congo a perdu son indépendance, voire sa souveraineté face à un t el cheminement qui s’égare certainement de la maîtrise et du bon sens. Parce que, tout simplement, Joseph est un personnage sans envergure, et incapable d’imprimer la grandeur du Congo à travers la Sous Région et dans le monde.

Aujourd’hui, ce n’est plus Léopold II seul qui a du sang sur les mains. Ce sont aussi des Congolais, égarés par ignorance ou par corruption, qui ont perpétrés le double massacre des adeptes de Bundu-dia-Kongo au Bas-Congo (2007-2008). De même pour les Enyele qui furent massacrés sauvagement à l’Equateur.

Et les assassinats, de Steve Nyembo Mutamba (Directeur des ressources humaines de la DGI), de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, des journalistes Franck Kangundu (Ngycke), de Serge Maheshe, de Didace Namujimbo, de Louis Mwamba Bapuwa, de militant des droits de l’homme, Pascal Kabungulu, de Armand Tungulu. La liste n’est pas exhaustive, loin s’en faut.

Du fait de ce sombre et macabre bilan, si j’étais Joseph Kabila, je prendrais mes cliques et mes claques, pour une destination inconnue, et tirer de la sorte ma révérence ! Oui, je prendrais la poudre d’escampette, incognito, bien avant 2016 !

Ennemi numéro un des 70 millions des Congolais, je prendrais le large sans hésiter, avant que les tribunaux populaires, ceux de la rue, réputés pour le caractère expéditif de leur procès, statue sur mon cas de manière désespérée !

Si j’étais Joseph Kabila, je partirais sans provoquer de bain de sang dans la capitale ainsi qu’à tout autre coin de la République. C’est un "conseil d’ami". A défaut, la vindicte populaire le poursuivra partout. Même en enfer!

Bamba-di-Lelo

Docteur en Sciences politiques de l’UCL
Analyste des Questions politiques du Congo
jbadil@hotmail.be

 

 
 

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