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vendredi, 07 janvier 2011

Bruxelles:L’heure des libéraux sonne-t-elle ?

pict_285616.jpgLe conciliateur Johan Vande Lanotte a donné sa démission au Roi. Le PS ouvre la porte aux libéraux. Que CD&V et N-VA jouent cartes sur table, dit-il.

Bon ! Reprenons les faits. Mercredi, le CD&V, puis la N-VA, ont indiqué qu’il ne souhaitaient pas entamer des négocations avec PS, CDH, Ecolo, Groen ! et SP.A sur la base de la note du conciliateur royal telle qu’elle leur fut présentée. Les cinq autres partis avaient, eux, répondu par l’affirmative, moyennant amendements. Johan Vande Lanotte en a tiré des conclusions logiques, hier, en demandant au Roi de le décharger de sa mission. Le Souverain s’est donné jusqu’à lundi pour l’accepter ou la refuser. Pour s’expliquer, le socialiste flamand a utilisé un vieux proverbe anglais lors de sa courte allocution dans les locaux du Sénat. Elle dit : "On peut mener son cheval à l’eau, mais on ne peut pas le forcer à boire." Pour Johan Vande Lanotte, la volonté de négocier n’est tout simplement pas suffisante pour qu’il poursuive sa mission. Inutile de dire que, comme lui, son parti, le SP.A, est furieux. En particulier contre le CD&V, qui fut le premier à dégainer le rejet de sa note et que Johan Vande Lanotte estime également responsable de la fuite du document dès mardi.

Au cours de la conférence de presse donnée dans la foulée, Elio Di Rupo a également chargé lourdement le CD&V. Il estime qu’en se montrant si dur, il a "donné le ton", permettant à la N-VA de faire passer un "non" sans risque de s’isoler. L’on sait par ailleurs depuis le début de la semaine que Bart De Wever n’avait guère confiance dans la note ni dans un nouveau round de négociations à sept. Il l’a encore répété hier soir en indiquant que les francophones avaient, eux aussi, des remarques à faire vis-à-vis de la note du conciliateur. Les remarques des Flamands auraient été inacceptables pour les francophones et les remarques francophones auraient été inacceptables par les Flamands, a-t-il ajouté. Mais, chez les francophones, justement, l’attitude jugée surprenante du CD&V a provoqué une sorte d’électro-choc, dit-on. "Avant, on ne pouvait avoir que des soupçons, mais on se rend désormais vraiment compte que ces deux partis ne veulent pas d’un accord", glisse un francophone. "Il faut qu’ils disent clairement s’ils veulent des élections ou s’ils estiment que ce sera plus facile avec les libéraux à la table. On ne pouvait plus continuer comme cela. Ça fait des semaines qu’on joue au Zwarte Piet, il faut que ça cesse, il faut une rupture." C’est l’explication donnée à la sortie médiatique d’Elio Di Rupo, ouvrant les discussions à d’autres formations politiques (en clair, au MR).

En télévision, Ecolo et CDH, qui avaient été concertés par le PS, n’ont pas dit autre chose en répétant qu’ils n’avaient pas d’exclusives. "Mais le problème ne vient pas des francophones", a lancé Joëlle Milquet pour le CDH. "Je veux avoir en face de moi des gens qui veulent aboutir." "Tout ce qui pourra amener une solution constructive, nous le prendrons", a ajouté Jean-Michel Javaux, co-président d’Ecolo. Précisons que si Elio Di Rupo ouvre la porte aux libéraux, c’est avec la volonté de maintenir Ecolo et le CDH dans la danse. Le président du PS s’est directement pris une critique de Bart De Wever pour qui on ne fait pas ce genre d’invitations dans la presse. "C’est que Di Rupo a surtout fait ça pour ôter à la N-VA son dernier prétexte", glisse un observateur.

Soit, mais il semble que l’heure du retour des libéraux, exclus des négociations depuis plus de six mois, ait bel et bien sonné. La N-VA en rêve depuis le début (même si elle le préfèrerait accompagné d’un départ des verts) et voici que le PS ne s’y oppose plus... On voit mal le Roi refuser de les consulter.

Didier Reynders, président du MR, prenant acte de l’ouverture du PS, dit d’ailleurs attendre une "éventuelle initiative royale". Mais, à l’évidence, le MR ne viendra pas simplement s’asseoir autour d’une table après six mois de palabres auxquels il n’a jamais participé. Et, à plus forte raison, autour d’une note dont beaucoup de représentants ont souligné les dangers pour les francophones. Pour ramener les libéraux, il faudra sans doute accepter d’entendre des positions qui ne seront pas forcément moins fermes.

Que peut-il se passer maintenant ? Soit le Souverain demande à Johan Vande Lanotte de poursuivre sa mission, soit il le décharge. Dans la première hypothèse, qui semble rencontrer le souhait des francophones, il y a peu de chances que l’Ostendais reprenne sa note, la modifie et tente à nouveau de réunir les sept même partis. Il faut tourner une page. Plus probable, il ouvrirait ses consultations au MR et aux libéraux flamands. On voit mal toutefois comment une telle entreprise faciliterait les choses.

Deuxième hypothèse : Johan Vande Lanotte est déchargé de sa mission par le Roi. Le Palais devrait dès lors dénicher une personnalité chargée de permettre à des négociations de débuter.

Il y a également la perspective de nouvelles élections, mais sans doute en sommes-nous assez loin. Un tel scrutin ne ferait que renforcer l’incertitude qui plane sur l’avenir politique du pays.

Jusqu’à lundi, les contacts iront bon train entre le Palais et le monde politique. Bart De Wever, pour sa part, estime que PS et N-VA doivent reprendre langue. "Le moment est venu que les acteurs principaux se rencontrent et examinent comment il faut continuer, a-t-il lancé sur la VRT. Les grosses locomotives doivent remettre la machine en route." Le leader de la N-VA a d’ailleurs fait savoir qu’il n’était pas contre de nouvelles responsabilités. Hier, circulait un clash récent entre lui et Johan Vande Lanotte. Bart De Wever lui aurait dit que si le Premier ministre était flamand, ça ne pourrait pas être lui. Cherchez la confiance !

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