lundi, 09 août 2010
Evra répond à Thuram
Après plus d'un mois de silence, Patrice Evra revient en détails sur le fiasco des Bleus en Afrique du Sud dans Le Figaro. L’ex-capitaine tricolore charge une nouvelle fois Raymond Domenech et égratigne au passage Lilian Thuram.
par Rédaction Sport24.com, le 09-08-2010
Après l’élimination catastrophique de l’équipe de France au premier tour de la Coupe du Monde, Patrice Evra avait promis qu’il laverait son linge sale en public. Mais son intervention le 25 juin dernier sur TF1 n’avait pas été très fournie en explications. Depuis, l’ex-capitaine des Bleus avait choisi le silence alors que les anciens de 98 comme Lilian Thuram ou Marcel Desailly lui tiraient dessus à boulets rouges. Au lendemain de la victoire, sans lui, de Manchester United dans le Community Shield, le défenseur des Red Devils se confie dans Le Figaro. «Surpris» de se voir déférer devant la commission de discipline de la FFF (avec Abidal, Ribéry, Toulalan et Anelka), - «Pourquoi nous sanctionner plus que d'autres ? On l'a déjà été. La sanction de ne pas sélectionner les 23 mondialistes pour le match en Norvège est cohérente» - Evra revient plus en détails sur le fiasco sud-africain. S’il charge Raymond Domenech, comme il l’avait fait la semaine dernière devant la Fédération, il en profite surtout pour régler ses comptes avec Lilian Thuram. Morceaux choisis.
L’exclusion d’Anelka
«Pendant dix minutes (ndlr, à la mi-temps de France-Mexique), le coach n'a pas parlé puis, d'un coup, il a dit à Anelka : «Putain, je te dis de rester en pointe mais tu décroches !» Nico lui a répondu. Il y a eu un échange de mots. Mais pas ceux retranscrits en une de L'Équipe. Je me suis alors levé pour calmer les esprits (…) Après la parution de L'Équipe, le président de la Fédération et le coach m'ont convoqué pour me dire qu'ils étaient dans l'obligation de l'exclure. Je leur ai répondu que ce n'étaient pas ses mots. Tous les joueurs le savaient. Boghossian (l'adjoint de Domenech) a suggéré qu'avec d'autres cadres - Ribéry, Toulalan, Gallas, Henry, Abidal, Govou - on lui demande de présenter des excuses publiques. Nico a accepté de le faire devant le staff et les joueurs mais pas dans les médias puisqu'il souhaitait porter plainte contre L'Équipe.»
Le boycott de l’entraînement
«Avant de partir, Anelka a fait un discours fataliste. Les joueurs l'ont applaudi et certains ont lancé l'idée de faire quelque chose pour montrer le mal-être du groupe. D'où l'idée du boycott de l'entraînement. Je leur ai demandé s'ils en étaient sûrs. Tout le monde a approuvé. Personne n'a réalisé l'impact que cela pouvait avoir… (…) Tout était prévu la veille. Le coach sentait que quelque chose se tramait. Un joueur venait de lui dire qu'il était dégoûté du football. L'attaché de presse devait transmettre le communiqué aux journalistes. Le coach a tenté de nous en dissuader. J'ai demandé alors plusieurs fois à mes coéquipiers s'ils voulaient descendre du bus. Personne n'a répondu. Domenech voulait qu'on lise le communiqué. Je me suis levé pour le faire. Je serais allé au feu pour mes partenaires. Mais Domenech a alors décidé de le lire lui-même…»
Domenech lâché
«Quand Claude Onesta et Stéphane Diagana sont venus à Tignes, certains joueurs m'ont dit : «Il fait venir des champions, mais lui n'a rien gagné... » Je recevais des plaintes après chaque entraînement. Les joueurs lui reprochaient son manque de travail tactique et le décalage avec les exercices auxquels ils sont habitués en club. J'ai essayé de faire passer le message à ses adjoints. Sans résultat. Le groupe l'a alors peu à peu lâché. Personne, ainsi, n'a compris qu'il décide de ne pas titulariser Florent Malouda contre l'Uruguay suite à un tacle appuyé à l'entraînement. Quant à Thierry Henry, il s'est aussi senti abandonné. «Titi» me disait : «Regarde, plus personne ne me calcule.» Il était en pleine forme à l'entraînement, mais on ne le faisait pas jouer. Il a fini par rendre les armes. Domenech a également décidé tout seul de couper la tête de Gourcuff avant le match contre le Mexique. Je n'ai cessé de répéter à mes partenaires qu'il fallait continuer de bosser. Mais, à un moment, ce discours ne passe plus (…) Il n'y avait plus de dialogue avec le coach. Il n'y avait aucune structure collective, ni de projet. Avant le match de préparation contre le Costa Rica, quelques joueurs lui ont demandé de s'impliquer plus, de nous donner plus de consignes. Il s'est senti agressé. Il a refusé l'échange. On a fait tous les matchs de préparation avec un système avant d'en changer pour celui d'ouverture du Mondial contre l'Uruguay. Ce n'était pas cohérent.»
Thuram, faux Malcolm X
«Il a sali mon nom sans chercher à savoir ce qui s'était passé. Lilian se prend à la fois pour le nouveau sélectionneur, le président de la Fédération et le président de la République. Il se comporte comme le leader du foot français en mettant son départ dans la balance s'il n'y a pas de sanction (…) Pourquoi remettre de l'huile sur le feu? Ce n'est pas le rôle d'un membre du conseil fédéral. Il est temps que Lilian arrête de jouer un rôle qui n'est pas le sien en disant que les Bleus contribuent à faire augmenter le racisme. Il ne suffit pas de se balader avec des livres sur l'esclavage, des lunettes et un chapeau pour devenir Malcolm X (…) En dépit de ses beaux discours sur l'absence d'états d'âme, Thuram avait refusé de s'échauffer avant le match décisif contre l'Italie lors de l'Euro 2008. Il venait d'apprendre qu'il n'était pas titulaire… À l'époque, il jouait aussi l'amnésique en interpellant certains joueurs uniquement par “oh ! jeune ”.»
Son rôle de capitaine et son avenir en Bleu
«Les joueurs et le staff connaissent la vérité. J'ai été honnête jusqu'au bout avec tout le monde. J'ai tout donné pour remplir mon rôle de capitaine. Certains m'ont chargé sans savoir ce qui s'était passé. J'ai mis tout mon cœur, voilà le résultat ! Domenech m'a même demandé pardon de m'avoir confié le brassard (…) Je ne vois pas mon avenir sans l'équipe de France. C'est mon pays et j'y tiens. La Marseillaise me fait vibrer. J'ai toujours envie de mouiller le maillot bleu. Je considérais chaque nouvelle sélection comme une chance à saisir. La seule façon de rebondir, ce sont les résultats.»
Retrouvez l'intégralité de l'entretien de Patrice Evra sur le Figaro.fr
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