mardi, 03 novembre 2009
Pourquoi Van Rompuy doit rester
La pression monte donc toujours un peu plus partout en Europe: le Premier ministre fédéral belge serait le préféré du moment pour la présidence du Conseil. Mais voilà, si la Belgique entière, toutes communautés et régions confondues, serait particulièrement heureuse de lui voir échoir cet honneur, le bon sens belge et l’instinct de conservation commandent très sérieusement de ne pas le voir désigné à ce poste prestigieux. C’est qu’on en a plus que jamais besoin en Belgique, d’Herman Van Rompuy
Pourquoi? Parce qu’il est un évident et incontournable facteur de stabilité depuis la fin du mois de décembre de l’an dernier après 18 mois de désordre permanent, pour ne pas dire de chienlit.
Petit rappel: après le mélodrame de l’impossible coalition orange-bleue de l’été et de l’automne 2007 avec les "non" et les "nee" aussi définitifs qu’inconscients sur le terrain communautaire, Guy Verhofstadt avait finalement accepté de jouer les dépanneurs à la Noël de cette année-là, mais le "grand bleu" gantois avait bien précisé que ce ne serait que pour trois mois. De fait, en mars 2008, Yves Leterme semblait en effet avoir réussi à quérir son inaccessible étoile et l’on pouvait penser que cette fois-ci serait la bonne C’était, bien évidemment, compter sans la crise financière mondiale et ses répercussions locales dont la moindre ne fut pas le Fortisgate.
Marquez pas de chance pour l’Yprois: en décembre, il jetait à son tour l’éponge et du palais de Laeken aux états-majors politiques, l’on se demanda qui pourrait désormais prendre le relais car l’on ne se bousculait pas au portillon. Un nom émergea cependant du lot: celui de Herman Van Rompuy.
Le "hic" était que le plus célèbre habitant de Rhode-Saint-Genèse n’en voulait pas vraiment. Il apparut une fois encore comme le sauveur du pays tout comme dans les années 90 lorsqu’on l’avait déjà quasiment installé à la tête du fédéral en remplacement de Jean-Luc Dehaene, appelé à un grand destin européen. Mais John Major n’en voulut pas et Van Rompuy Sr vit passer ce calice avec délectation. Cette fois, en décembre 2008, il a donc fallu refaire un intense lobbying tous azimuts, à la fois royal et politique, pour le voir changer d’avis et surtout se faire douce violence. Mais à la différence d’autres hommes politiques parfois évoqués, un véritable sens de l’Etat a toujours habité le chrétien-démocrate qui a donc accepté de monter à bord du paquebot gouvernemental comme nouveau capitaine.
A deux conditions cependant: pour autant que ce ne soit que jusqu’au terme de la présente législature et surtout pour autant que les coalisés acceptent enfin de mettre de l’eau dans leur vin et ne se croient plus en campagne électorale permanente et récurrente.
Ce ne fut pas tâche aisée à l’approche des élections régionales et communautaires du 7 juin dernier, mais petit à petit une certaine confiance, certes très fragile, vit le jour au sein du gouvernement fédéral. Et cela a permis que les partis du gouvernement ne s’attaquent pas trop. Mieux, pendant la campagne, Herman Van Rompuy a donné une leçon de raison et de bon sens politique en acceptant de prendre la parole à une soirée CDH au collège Saint-Pierre à Uccle comme à l’époque où chrétiens-démocrates du Nord et du Sud développaient des liens plus que fraternels.
Certains commentateurs impatients firent remarquer que le gouvernement fédéral faisait désespérément du surplace mais dans la discrétion du 16, rue de la Loi, puis de Val-Duchesse, l’équipe Van Rompuy commençait à engranger des résultats: à la veille du 21 juillet furent jetées les bases d’un large accord sur les sans-papiers, un dossier en rade depuis les élections législatives de juin 2007.
Puis, lors de la rentrée parlementaire du 13 octobre, le gouvernement présentait un accord budgétaire qui n’était sans doute pas parfait mais qui n’en permettait pas moins de poursuivre le travail gouvernemental tout en refixant les priorités fédérales pour les mois à venir.
Et voilà qu’on attend Herman Van Rompuy au pied du mur communautaire, dans tous les sens du terme: s’il y a aujourd’hui un homme politique belge capable d’avoir l’oreille des différents clans, c’est bien lui. Et l’on aura beau lui rappeler qu’il fut de ceux qui demandèrent la scission pure et simple de BHV, le Premier ministre sait mieux que quiconque que seul un accord négocié sauvera l’équilibre belgo-belge. En cela, il est aussi un fédéraliste d’union convaincu qui n’abattra cependant ses cartes que lorsque cela s’imposera. Tout récemment, il rehaussa de sa présence la présentation du "plan de paix pour la Belgique" de Charles-Ferdinand Nothomb mais, connaissant le prix du silence dans cette matière où abondance de palabres publiques ne nuit que trop, il observa un mutisme aussi prudent que stratégique
09:12 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique | del.icio.us | Facebook | | |
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