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vendredi, 25 septembre 2009

Le gel des colonies illusoire pour les ouvriers arabes

Du haut des collines surplombant Jérusalem, Barack Obama verrait sans doute d'un oeil différent la délicate question des colonies juives de peuplement, qui font obstacle à son ambition affichée de résoudre un conflit israélo-palestinien vieux de 60 ans.

Le président américain, qui avait fait de ce règlement une des priorités de son mandat dès sa prise de fonctions en janvier, réclamait avec constance jusqu'à présent à Benjamin Netanyahu un gel des activités de colonisation, prélude à une reprise du processus de paix.

Il s'est heurté à une fin de non-recevoir du Premier ministre israélien et, au terme de la rencontre qu'il a organisée mardi entre "Bibi" et le président palestinien Mahmoud Abbas, il s'est borné a inciter Israël à faire preuve de "retenue" dans ce domaine, revenant de facto sur la condition préalable d'un gel.

"Geler et restreindre sont deux mots différents", s'est empressé de se réjouir Netanyahu, tandis qu'Abbas, qui continue à faire d'un gel total de la colonisation la condition sine qua non d'une reprise des négociations de paix, a estimé que ce sommet tripartite n'avait "pas été positif".

Gel ou retenue ? Tout cela est pur byzantinisme aux yeux des Palestiniens, pour qui la forêt d'habitations juives aux toits de tuiles protégées par des clôtures qui s'étend depuis plus de trente ans en Cisjordanie occupée mine chaque jour un peu plus leur espoir d'une indépendance réelle.

Car même si un accord de paix intervenait - et il semble aujourd'hui plus éloigné que jamais - les Arabes de la partie orientale de Jérusalem et de la Cisjordanie savent qu'Israël ne lâchera pas ses colonies les plus importantes, quitte à procéder à un échange de territoires symbolique avec le futur Etat palestinien.

"SI OBAMA VENAIT ICI"

Les travaux de construction se poursuivent sans relâche sur les collines éventées entourant Jérusalem - proclamée "capitale éternelle et réunifiée d'Israël" - malgré les querelles de mots qui ont animé le sommet tripartite de mardi à New York, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.

Paradoxalement, nombre d'ouvriers des chantiers en cours sont des Palestiniens, qui rêvent de longue date à la fin de l'occupation mais font valoir qu'ils ont aussi besoin de faire vivre leurs familles, quitte à travailler pour les Israéliens.

"Si Obama venait ici, il aurait, bien sûr, une vision différente de la réalité parce qu'en entendre parler ne revient pas au même que la constater de visu", confie Abou Saïd, un entrepreneur qui dirige les travaux d'extension de la colonie d'Elaza, près de Bethléem.

Du promontoire rocheux du village palestinien de Wadi Nis, il désigne cinq colonies israéliennes édifiées sur les arêtes et crêtes environnantes, au sud de Jérusalem, des villes nouvelles qui devront soit être restituées aux Palestiniens en cas de paix, soit échangées contre d'autres territoires frontaliers.

L'entreprise de colonisation autour de la partie orientale de Jérusalem et dans le reste de la Cisjordanie a été engagée lorsqu'Israël a conquis ces territoires à la faveur de la guerre des Six-Jours en juin 1967.

Elle a connu un plein essor dans les années 1980 et, aujourd'hui, quelque 300.000 Israéliens peuplent une centaine de colonies, vivant soit dans des villas cossues entourées de verdure soit dans des appartements spartiates sentant le béton frais.

"LES RÈGLES DE L'ART"

Restreindre ou poursuivre l'extension des implantations ne fait pas une grande différence aux yeux des ouvriers du chantier de Beitar Illit, une des nouvelles colonies au sud de Jérusalem où logent des familles juives orthodoxes aux moyens modestes dans des immeubles d'habitation ordinaires de six étages.

"Ce sont des discussions dans le vide, ces histoires de gel. Avant-hier nous avons eu ce sommet sur le gel des implantations et aujourd'hui nous poursuivons le travail comme si de rien était", explique le contremaître de six ouvriers palestiniens construisant des trottoirs dans la colonie.

"Les Juifs ne quitteront jamais d'eux-mêmes les colonies. C'est un pur rêve. Ce qui a été pris par la force ne peut être repris que par la force", renchérit un de ses ouvriers.

Venus de Hébron, un bastion du nationalisme palestinien situé dans la moitié sud de la Cisjordanie, ils tiennent à rester anonymes pour conserver leur travail.

Comme Abou Saïd, qui dit gagner suffisamment pour faire vivre sa famille nombreuse et éduquer ses enfants "afin qu'ils restent sur notre terre au lieu de baisser les bras", le contremaître et son ouvrier soulignent que leur salaire est pour eux vital.

Ils assurent qu'il travaillent dans les règles de l'art, car, dit l'un d'eux, "nous espérons qu'un jour les Israéliens partiront d'ici et que nous nous y installerons."

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