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jeudi, 18 juin 2009

Perquisitions en série autour de José Happart

Des perquisitions ont été menées dans deux bureaux de José Happart ainsi qu’à son domicile liégeois et dans les Fourons. Il est soupçonné d’avoir promis des marchés publics à un entrepreneur en échange d’une maison « à bas prix ». L’intéressé se dit « victime d’un escroc » et estime n’avoir « absolument rien » à se reprocher. Il a été entendu pendant cinq heures par les enquêteurs.HAPPART.jpg

Les bureaux de José Happart au parlement wallon et à Liège Airport ainsi que les locaux qu’il occupe rue Feronstrée, au centre-ville liégeois, ont été perquisitionnés mercredi matin par la brigade financière. Les bureaux liégeois de la Société wallonne des aéroports (Sowaer), dans lesquels avait travaillé une de ses anciennes collaboratrices, Isabelle K., ont également été perquisitionnés. Il y a deux semaines, dans le cadre de ce même dossier, les policiers liégeois s’étaient rendus dans les administrations communales de Liège, Esneux et Seraing.

A l’origine de cette vague de perquisitions et de l’audition, mercredi après-midi, du président du parlement wallon, la lettre de dénonciation adressée en juin 2007 à la justice liégeoise par Hani Al Tabaa., un entrepreneur français domicilié à Torcy (Seine-et-Marne). En substance, cet entrepreneur estimait avoir été floué par José Happart : l’homme politique lui aurait en effet demandé de construire « à très bas prix » une maison pour une de ses amies et collaboratrice habitant la commune d’Esneux. En échange de ce rabais, le président du parlement aurait promis à son interlocuteur de lui attribuer des marchés publics, relatifs notamment à l’isolation sonore des maisons autour de Bierset. Ne voyant pas sa récompense arriver, l’entrepreneur aurait fait cesser le chantier chez Isabelle K. et aurait confié son amertume à la justice liégeoise.

« José Happart n’a jamais promis la moindre contrepartie à M. Al Tabaa, rétorque pour sa part Isabelle K. Cet homme d’affaires français était désireux de s’implanter sur le marché belge. Il m’a proposé de bonnes conditions pour la construction de notre habitation à la condition que celle-ci puisse servir de maison témoin. Nous avons accepté. » Isabelle K. prétend avoir, la première, porté plainte à l’égard de l’entrepreneur. « Il est parti sans terminer le chantier, il ne nous a pas livré tous les matériaux que nous avions commandés. Bref, il nous devait plus de 50.000 euros. »

C’est à ce moment qu’intervient Christian Binet, un promoteur liégeois dont la société est établie au Luxembourg, grand ami de José Happart et… de la justice liégeoise. Celle-ci l’a en effet condamné pour avoir fait travailler des clandestins dans les écuries qu’il possédait à Sprimont. Et un autre dossier, relatif à l’emploi de main d’oeuvre non déclarée sur des chantiers de construction, est actuellement à l’information judiciaire. Cette fois, le juge d’instruction le soupçonne d’avoir veillé au bon achèvement de la maison d’Isabelle K. et d’avoir, en retour, été aidé par le politicien liégeois pour une opération immobilière à Jemeppe-sur-Meuse.

« Je connais José Happart depuis le collège mais je n’ai jamais eu de relation d’affaires avec lui, répond Christian Binet. Je suis promoteur, pas entrepreneur. Je me suis donc contenté de donner mon avis à l’amie de José Happart, de lui conseiller quelques professionnels pour réparer les dégâts de M. Al Tabaa. » Et ce projet de promotion immobilière à Jemeppe ? « La grand-mère d’Isabelle K. avait un terrain de 3.000 mètres carrés. J’ai signé un compromis de vente pour 65.000 euros. J’ai signé un autre compromis avec le propriétaire voisin et un autre encore avec la commune de Seraing, propriétaire des 13.000 mètres carrés contigus. » Ces compromis de vente et les permis de lotir qui les accompagnaient (il est envisagé d’y construire 48 habitations) auraient ensuite été cédés à JED, une société flamande. « J’ai vendu un dossier clef sur porte et empoché mes honoraires, il n’y a rien d’illégal et ce dossier ne me concerne plus désormais », sourit Christian Binet.

A la justice liégeoise, désormais, de faire le tri. José Happart a-t-il promis des avantages à l’entrepreneur puis au promoteur qui volèrent au secours de sa collaboratrice ? Etait-il en mesure de leur faciliter l’accès à des marchés publics ? La dénonciation de Hani Al Tabaa – condamné, en janvier 2009, à dix-huit mois de prison avec sursis partiel dans un dossier de travail au noir – sera-t-elle corroborée par le contenu des auditions et des perquisitions ?

José Happart estime qu’il n’a « absolument rien » à se reprocher. D’après lui, ces accusations ne seraient que des « informations calomnieuses d’un escroc » en qui il dit avoir eu tort de faire confiance.« Je suis content que cette chose-là soit tirée au clair. Je suis très tranquille », a-t-il déclaré devant les caméras de télévision ce mercredi après-midi. José Happart était député wallon, et à ce titre président de l’assemblée, mais il n’a pas été réélu le 7 juin. Il n’est donc plus protégé par une immunité parlementaire.

10:55 Publié dans Politique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : happart |  del.icio.us |  Facebook | | |

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