dimanche, 10 mai 2009
Sada Ndiaye, ministre des Sénégalais de l’Extérieur : Mission difficile
Un département difficile à cerner. En effet, il n’est pas aisé de savoir les objectifs visés par le patron de ce ministère. Que peut-il bien faire pour ses compatriotes de la diaspora ? Alléger les tracasseries administratives et douanières ? Que peut-il faire d’autres, sinon écouter les doléances des Sénégalais de l’extérieur et les transmettre au Chef de l’Etat. Or, dans cette perspective (écouter la diaspora), Sada Ndiaye risque d’avoir une grosse surprise.
Que ce soit en Afrique ou en Europe, au Gabon ou en France, pour ne citer que ces contrées où réside une forte communauté sénégalaise, originaire le plus souvent du Fouta, dans le Nord-Est du Sénégal, on ne lui pardonne pas d’avoir accepté de faire le « sale boulot » lors de l’affaire Macky Sall. Une loi dite Sada Ndiaye avait, dans les dernières semaines de 2008, scellé le sort du maire de Fatick pour le déloger de la présidence de l’Assemblée Nationale qu’il occupait. Les Fuutankoobé de la diaspora avait crié à la « traîtrise » de Sada Ndiaye qui, pour des « raisons de politique politicienne », ne s’est pas gêné de participer, en tête de peloton, à la liquidation du Président du perchoir.
Certains militants d’association de promotion de la culture peule disent l’attendre de pied ferme pour en découdre avec lui lors d’un débat sur ce qu’ils appellent « sa honteuse » mission. Pour ce quinquagénaire qui a passé plus de trente ans en France, « l’attitude de Sada (Ndiaye) est honteuse, parce que la République n’était pas en péril », explique-t-il. « Macky (Sall) voulait faire jouer à l’institution de la République qu’est l’Assemblée nationale son véritable rôle, à savoir être un lieu de dialogue démocratique pour éclairer la lanterne des populations sur un sujet d’actualité donné », ajoute-t-il.
Et comme s’il les avaient entendus, Sada Ndiaye, répondant à la sortie au vitriol de Mme Aminata Lô Dieng qu’il remplace à ce poste a dit hier dans les locaux du ministère du Tourisme : « Ce qu’on m’a appris, c’est servir l’Etat en toute circonstance, en tout lieu et sans aucun état d’âme ».
« Il faut battre le frère quand il est faux »
A l’époque, Macky Sall voulait que Karim Wade s’explique sur sa gestion de l’Agence Nationale de l’Organisation de la Conférence Islamique (Anoci). Même des membres du PDS qui ont choisi l’anonymat parlent « d’erreur de casting » en évoquant la nomination de Sada Ndiaye. "Ce n’est pas avec Sada Ndiaye, comme ministre des Sénégalais de l’Extérieur que Wade et/ou Karim arriveront à récupérer la diaspora. Macky Sall a frappé un grand coup en se mettant dans les habits d’un républicain pur et dur".
Il s’y ajoute que la grande majorité de nos concitoyens de la diaspora le considère comme un cousin ou un frère contre qui de nombreuses et influentes personnes se sont liguées pour le traîner dans la boue », précise notre interlocuteur qui avoue bien connaître la « mentalité des al pulaar en ». Selon lui, « dans leur logique de vendetta (jingol en pulaar), ils feront tout leur possible pour laver l’affront fait à Macky par le camp du PDS ». L’adage dit "qu’il faut battre le fer quand il est chaud", mais pour les Fuutankoobe de France, "il faut battre le frère quand il est faux".
Pour eux, Sada Ndiaye est un « faux frère ». L’ancien boss du COUD devra déployer des trésors d’ingéniosité et de diplomatie pour réussir à amadouer ses détracteurs et les ramener dans le camp libéral en vue des échéances électorales de 2012 où les scores risquent d’être serrés. Dans cette optique, quelques voix en plus ou en moins peuvent faire la différence et changer le cours des évènements.
Auteur: Abdoulaye NDIAYE / Paris
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