Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

dimanche, 29 mars 2009

YÉKINI, ROI DES ARÈNES "JE METS EN GARDE..."

Quel adversaire pour Yékini, la question fait débat, mais on ne vous entend pas ?
Je n’ai pas intérêt à ce qu’on m’attend. Je pense avoir fait le gros du travail, donc je reste dans mon coin. Le moment venu, je descendrai dans l’arène. Je n’ai pas besoin de faire du bruit.
Je suis bien dans mon coin, je m’entraîne tous les jours et je suis à l’affût, j’attends que les promoteurs me proposent un cachet alléchant.
Yekini.jpg
De plus en plus, on note la montée en puissance des jeunes face à des anciens qui ont du mal à s’imposer, l’arène est en pleine recomposition ?
Oui, et cela depuis l’année dernière. Je pense l’avoir dit une fois, la recomposition de l’arène est inévitable. C’est la loi du sport. Il y aura toujours des lutteurs qui montent, d’autres qui confirment… Cette nouvelle génération a la chance d’être composée de jeunes lutteurs talentueux et ils sont nombreux. Ce qui n’était pas le cas avec les lutteurs qui composaient notre génération. On était 4, voire 6 lutteurs. Donc naturellement, ces jeunes lutteurs doivent percer pour venir titiller les ténors comme nous avons eu à le faire avec nos aînés. L’arène a toujours fonctionné de la sorte.

Quels sont les jeunes lutteurs qui se rapprochent le plus de Yékini aujourd’hui ?
Tout le monde.

Y a-t-il, parmi ces jeunes, quelqu’un qui vous inspire la peur ?
J’ai des raisons d’avoir peur des lutteurs de la nouvelle génération. Ils sont plus forts que moi. Cependant, je ne les crains pas trop.

N’êtes-vous pas en train d’endormir ces jeunes en disant qu’ils sont plus forts que vous ?
Le sport est ainsi fait. Chacun use de ses stratégies pour arriver à ses fins. Mais, je ne le dis pas pour faire plaisir, c’est la réalité, ils ont du talent. Un ancien lutteur m’avait fait la même remarque quand j’occupais cette place des jeunes. C’est ce même regard que je porte sur eux.

Parmi ces jeunes, quel est le lutteur qui sort du lot, selon vous ?
Ce serait gauche de ma part de dire que tel lutteur à plus d’avenir. Je dirai simplement que globalement, ils sont bien outillés et celui qui accepte de faire le peu d’effort ira loin. Il est difficile, en matière de lutte, d’avancer certaines choses. La preuve, il y a des lutteurs qu’on pensait, dans le passé, qu’ils allaient éclabousser l’arène, mais ils n’ont pas réussi à le faire. C’est pourquoi, il est très difficile, voire hasardeux de dire très tôt qu’un lutteur est bien parti par rapport aux autres pour se hisser au sommet. Cependant, un lutteur comme Lac de Guiers 2, on ne peut pas occulter ses qualités. Il a tout pour réussir dans l’arène. C’est un bon lutteur, il est discipliné et il écoute bien son entourage. Il a les qualités d’un bon sportif, donc il peut prétendre à tout. On ne peut que prier pour lui pour qu’il excelle davantage.

Après sa victoire devant Moutapha Guèye, Lac de Guiers 2 en découdra avec à Balla Bèye 2, êtes-vous prêt à lui faire face ?
Il n’y a pas de prétexte possible pour éviter un lutteur qui s’est frotté avec Moustapha Guèye. Je ne dis pas seulement Lac de Guiers, celui qui remplit les conditions, je suis prêt à lui faire face.

Quelles sont ces conditions à remplir ?
Lac de Guiers 2 a terrassé un lutteur, un ténor, et s’apprête à faire face à un autre lutteur, Balla Bèye 2, donc il a fait son chemin. On ne peut pas le refuser. Il y en a d’autres.

Autrement dit, Yékini est dans les dispositions de lutter contre Lac de Guiers 2 en cas de victoire devant Balla Bèye 2 ?
Victoire ou sans victoire, je suis dans les dispositions comme vous l’avez dit. C’est un adversaire parmi tant d’autres. Dans l’arène, nous sommes tous de la même génération exerçant le même métier : la lutte.

Autre lutteur qui vous a dans l’œil, Gris Bordeaux ?
Il a parfaitement le droit. C’est un lutteur qui veut devenir champion. Et qui veut devenir roi des arènes doit s’imposer devant les autres. Dieu a fait que c’est nous qui sommes dans l’arène. Il faut nous battre pour être le meilleur. Ce n’est pas seulement Gris Bordeaux qui nous vise.

Vous dites nous, alors que la cible est précise : Yékini ?
C’est normal, dans la vie, il faut être ambitieux et viser ceux qui sont devant.

Défier un lutteur est une chose, le croiser en est une autre…
Tout dépend de celui qui défie.

Que voulez-vous dire par là ?
Quand j’étais dans cette position, je mettais tous les atouts de mon côté avant de défier un lutteur. Il y avait une certaine cohérence dans ma démarche.

Est-ce à dire que Gris Bordeaux doit remplir des conditions avant de vous défier ?
Je ne l’ai pas dit. Je ne connais pas les motivations de Gris Bordeaux. Pourquoi il vise Yékini ? Je n’ai pas la réponse à cette question. Peut-être, il a, aujourd’hui, les bagages nécessaires pouvant lui permettre de battre Yékini.

Que vous inspire le combat Thieck/ Bombardier ?
Voilà une belle affiche, parce que c’est un rare fait de voir deux jeunes poids lourds s’affronter. Ce sera un bon duel. Ce combat ne fera que participer à la recomposition de l’arène. Parce qu’entre ces deux lutteurs, Bombardier est un ténor, il a fait ses preuves dans l’arène, seulement il traverse une période difficile, mais s’il s’en sort victorieux, il y aura une autre ouverture dans la recomposition de l’arène. Nous, nous sommes là, la jeune génération est aussi à côté. Aujourd’hui, tous ces jeunes veulent croiser le fer avec nous. Par exemple, quelqu’un comme Thieck, s’il terrasse Bombardier, il pourra prétendre à lutter contre n’importe qui et ce serait logique. Donc, ce combat dépasse le cadre de simple adversité, il participe à la reconstruction de l’arène. C’est de telles affiches qui peuvent relancer la lutte. Si un jeune lutteur chute devant son aîné, malgré qu’ils sont de la même génération, il devra aller réapprendre. Maintenant, s’il le terrasse, cette victoire l’amène loin.

Bombardier vous a toujours demandé une revanche, en cas de victoire sera-t-il incontournable ?
Je dois clarifier une chose. Ce n’est pas à moi de dire à un lutteur ce qu’il doit faire pour l’évolution de sa carrière et le choix de ses adversaires, mais je dois dire que je préfère rencontrer un lutteur qui m’aidera à gagner beaucoup d’argent à celui qui me fera gagner moins. Je mets dans le dernier registre, le lutteur qui vient d’une défaite. En choisissant un vainqueur, on crée l’événement, le combat fera du bruit, et les deux lutteurs en tirent profit. C’est un des stratégies des lutteurs dans le montage des combats.

Une victoire ouvrira grandement les portes à Bombardier alors ?
Je veux de l’argent, mais je ne veux pas mordre la poussière. Le lutteur qui se mettra sur mon chemin n’a qu’à faire tout ce qu’il peut faire pour ne pas être battu, car je ferai tout, je dis bien tout, pour le battre. Tout ce que vous pouvez imaginer.

Votre valeur marchande vous l’estimez à combien ?
Je ne peux pas le dire, parce que cela dépend du profil de l’adversaire.

Ça avoisine les 200 millions actuellement ?
Exactement. Je veux bien qu’on me paie 200 millions actuellement, mais avec certains adversaires, tu ne peux avoir que 200 mille francs.

Et si l’on situe votre valeur marchande en fonction des générations ?
Un lutteur de ma génération qui n’est pas dans une bonne position dans l’arène ne m’apportera pas beaucoup d’argent. Par contre, un jeune lutteur qui émerge, qui prouve, un lutteur apprécié par les amateurs peut faire l’affaire. Les gens doivent savoir que je ne viens plus dans l’arène pour gagner un combat et rentrer, je veux gagner beaucoup d’argent aussi.

Ne pensez-vous pas qu’actuellement les lutteurs privilégient plus l’aspect financier que sportif ?
Je vous donne mon exemple. J’étais plus préoccupé par mon plan de carrière que tout autre chose. Je n’ai jamais mis en avant l’aspect financier. L’objectif que nous, mon staff et moi, étions fixé était d’arriver à ce stade sans défaite. A plusieurs reprises, j’ai reçu des cachets moins importants que celui de mon adversaire. Mais, je ne me faisais pas de souci. Mon seul objectif était de le battre et progresser. Et je n’ai pas regretté d’emprunter ce chemin.

L’aspect mystique occupe de plus en plus une bonne place dans l’arène…
Je pense que chacun a ses croyances, je ne dis pas la lutte, mais même dans l’Equipe de football, je ne suis pas un témoin des faits, mais selon les dires, il se passe des choses qu’on ne connaissait pas avant. Je trouve que c’est une question de mentalité. Le mysticisme, on l’a trouvé dans l’arène. Je crois trop, d’ailleurs, aux choses mystiques.

Est-ce le plus déterminant dans un combat de lutte ?
C’est une deuxième force. La première, c’est l’entraînement, avoir la force physique et la technique de lutte.

Avez-vous combiné ces deux forces ?
Bien sûr que oui, tout lutteur a un lieu où chercher des bénédictions. Et moi, je crois bien à ça. Sinon vous ne verrez personne mettre les gris-gris.

Si vous aviez à faire une critique sur l’arène, qu’en serait-elle ?
Ce serait difficile pour moi de faire une critique. (Hésitations). Il y a toujours beaucoup de monde dans l’enceinte de l’arène. Quelqu’un, qui est dans les tribunes ou qui est dans l’espace réservé aux accompagnants des lutteurs, éprouve toutes les difficultés à voir l’enceinte même de l’arène. Ça au moins, je l’ai remarqué.

Et l’aspect technique ?
Il y a plus de techniques dans l’arène. Les écoles de lutte n’existaient pas et elles sont nombreuses aujourd’hui. Autrefois, beaucoup de lutteurs n’apprenaient pas les techniques de la lutte, ils se contentaient seulement des «mbapates». Maintenant, il y a des entraîneurs dans les écoles, ils aident les jeunes sur le côté de la technique. Donc, il y a aujourd’hui plus de techniques dans l’arène.

Avez-vous signé un contrat d’exclusivité avec un promoteur ?
Non ! Je n’ai signé aucun contrat avec un promoteur.

Y a-t-il un promoteur qui est venu vous voir pour vous proposer un adversaire ?
Oui. Depuis l’ouverture de la présente saison, jusqu’à maintenant, les promoteurs viennent me voir.

Pour vous mettre aux prises contre qui ?
Ils ne me donnent pas de nom. Ils se contentent seulement de me demander si je veux lutter et je réponds toujours par l’affirmatif. Le plus souvent, nous n’arrivons pas à trouver un accord, mais il y a un promoteur avec qui nous avons presque conclu pour qu’il organise mon combat. Les choses sont très avancées.

Qui est ce promoteur ?
Non, je ne veux pas donner son nom.

Ce combat démarché a-t-il des chances de se tenir cette saison ?
C’est bien possible. Si nous tombons d’accord sur tous les points, oui.

Il vous a proposé combien ?
Non, je ne peux pas le dire, sinon je risque de faire avorter son travail. De plus, il ne veut pas que je le dise.

Paraît-il que les adversaires sont nombreux ?
C’est vrai qu’ils sont nombreux, mais on a ciblé quelques-uns, deux ou trois parmi lesquels on choisira un.

Entre qui et qui ?
Vous ne pouvez pas savoir. (Rires). Vous êtes très forts, mais ce ne sera pas facile pour que vous le sachiez.

Le retour de Tyson ?
Désolé, mais je ne peux rien dire là-dessus.

Êtes-vous prêt à en découdre à nouveau avec lui ?
(Rire), même sur ça, je ne peux rien dire.

Un des rares lutteurs jusqu’ici invincible, quelle attitude doit adopter un lutteur pour réussir cette prouesse ?
La lutte n’est pas un sport à part, sinon un sport qui s’affranchit des règles édictées. C’est un sport comme le judo, le Karaté et les autres disciplines. Il faut être discipliné. Dans les sports de combat, le plus posé a plus de chance. Un lutteur doit être discret. C’est vrai, un jeune a toujours besoin de vivre sa jeunesse, mais on ne peut pas choisir le métier de lutteur et vivre comme les journalistes. Je cite les journalistes parce que je vous ai en face. (Il éclate de rire). Je ne vous attaque pas. Ecouter son encadrement aussi fait du bien à un lutteur. Ces conseils, je les donne à mes jeunes frères lutteurs.

Tendance est qu’aujourd’hui, les jeunes lutteurs se mettent très vite dans la peau d’une star…
Tout dépend de la personnalité du lutteur. La presse peut beau dire Yékini champion, mais elle ne changera jamais mes attitudes. Je serais toujours imbu de ma personne. Ce n’est pas parce qu’on me prête le titre de champion, que je vais faire la grosse tête. Je suis et je resterai toujours Yékini qui a débarqué à Dakar en 1997 pour apprendre la lutte. Ce comportement, je me l’impose. C’est mon porte-bonheur. Celui qui se laisse emporter par les feux des éloges et autres, risque d’avoir des regrets. Dans la vie, il faut être modeste.

Pensez-vous à votre reconversion, vous qui disiez que la carrière d’un lutteur est très courte ?
J’y pense, mais je ne peux pas trop m’avancer dans ce domaine. Peut-être après ma carrière de lutteur, je me consacrerais à la pêche, m’investir dans ce secteur.

Pensez-vous à faire de la politique ?
La politique, je ne l’aime pas.

Quelle lecture faites-vous des résultats issus des élections locales ?
Je ne dirai qu’une seule chose. Je demande aux perdants de faire leur introspection. Les Sénégalais sont très intelligents.

Vos passe-temps ?
Je suis tout le temps dans l’arène. Je consacre tout mon temps à la lutte. On n’a presque pas le temps de faire autre chose.

Quelles sont vos relations avec les filles ?
Je vous dis une chose, il faut bien la retenir. Je ne veux pas de défaite après ma carrière de lutteur. Je m’impose une certaine hygiène de vie. Je ne veux pas qu’après ma carrière les gens aient pitié de moi. Les lutteurs sont les moins cotés chez les filles. A ce que je sache, les jeunes filles n’apprécient pas trop les lutteurs. Certainement, elles préfèrent les journalistes et autres qui sont tout le temps en costume, avec bureau et véhicule climatisés.

Votre vie de coupe...
J’ai divorcé, actuellement je suis sans épouse.

Qu’est-ce qui vous attire chez une femme ?
La croyance, la tolérance, je les aime chez une femme.

Et les petits trucs : Bine bine et autres, vous les aimez ?
Bien sûr que oui. Mais est-ce qu’on a le temps. J’aime les bine bine comme tout le monde. Je les aime autant que vous. (Il éclate de rire).

Et Yékini Junior ?
C’est mon préféré. Nous sommes comme deux frères. Aujourd’hui, il ne fait rien sans demander mon avis. On pense beaucoup à son plan de carrière.

Auteur: S. GACKOU et M. WANE

Les commentaires sont fermés.