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jeudi, 12 mars 2009

Les béquilles de Karim Meissa Wade

Karim Wade et son équipe s’appuient essentiellement sur deux puissants leviers : le pouvoir de Wade et les médias.
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Pour ce qui est du pouvoir notamment politique, la place du fils du chef de l’Etat est devenue un secret de polichinelle. Il suffit simplement de noter les nombreuses et gigantesques tâches publiques confiées au Conseiller très spécial non sans oublier qu’aujourd’hui, beaucoup de ministres et hauts responsables de l’Etat se réclament ouvertement de sa « Génération du concret ». Et pour cause !
Mais là où son influence est plus subtile, c’est dans la presse.. Lieu où se forge par excellence l’opinion publique. Visez la suite !

« Wanted ! Une telle réclame pourrait bien être placardée sur les tableaux géants des grandes avenues de Dakar. Une capitale pour la direction de laquelle Karim Wade est pourtant candidat sans que personne ne le voie aller au charbon. » Walfadjri du lundi 9 mars 2009.

« Enfin ! Serait-on tenté de dire. Karim Wade descend dans l’arène politique. Dès son retour de voyage ce mardi, le fils du président de la République va investir les quartiers de Dakar dans le cadre d’une «stratégie novatrice» pour mieux toucher les cibles. » Le Quotidien du lundi 9 mars.
« Son ombre est présente dans la campagne, ma sa silhouette demeure invisible. Et comme disait l’autre, « l’absent le plus présent » de cette compétition électorale alimente les cafés et chaumières de la Cité. Karim Wade (…) aspire pourtant à être le premier magistrat de la ville de Dakar. Son bilan à la tête de l’Anoci que ses partisans jugent très positifs et ses interventions connues ou non pour aider la Sénélec devraient lui servir d’arguments de campagne. Sans oublier le début d’exécution des travaux de l’aéroport de Diass ». L’Observateur du jeudi 5 mars 2009.

Ces trois extraits d’articles, parus récemment dans trois grands quotidiens, remettent sur le tapis et au goût du jour les accusations intéressées du président Wade qui, le 2 février dernier soutenait sur Rfi : « Karim Wade est un phénomène public à cause de la presse ». En bon français, il aurait simplement dit grâce à la presse, parce que visiblement cela ne lui déplaît pas. Loin s’en faut !
Lui et ses stratèges ont apparemment bien compris la nécessité de travailler sur les consciences. Un candidat municipal qui décide de s’absenter sciemment pendant la première semaine de campagne le fait sciemment. C’est un « manque artificiel » qu’on crée (concret), étant amplement relevé et soulevé par la presse. Se pose alors un besoin de combler ce « vide », surtout si la tête de liste Pape Diop fait l’objet -encore grandement relayé par les médias- d’une « lapidation » dans des zones de campagne électorale jusqu’à battre retraite, selon le Populaire. La réclame est vite placardée. Wanted !

Le « fils d’une rare fidélité » arrive ensuite en messie (Meissa, messie quelle homonymie !) pour sauver les troupes et « ranimer » une campagne jugée terne. Et le tour est joué.

Il faut avouer que la stratégie politique et communicationnelle de Karim & Co est pour le moins efficace. Parvenir à faire parler du chef de file de la GC sans presque piper mot. On ne pose qu des actes éloquents. Il réussit ce dans quoi Idrissa Seck excellait pendant la première partie de sa traversée du désert. Etre l’absent le plus présent de l’espace politique. Susciter constamment l’intérêt sur sa personne sans qu’il ait besoin de parler.

Son papa de président et ses supporteurs s’en chargent évidemment. Talla Sylla disait en octobre 2008 que : « Wade a son plan qu’il applique patiemment, de façon très méthodique. C’est le seul projet qu’il conduit de façon méthodique, il sait pourquoi. C’est une question de survie et c’est une question de sécurité pour lui et pour sa famille ».

Les contacts réguliers avec les autorités religieuses (musulmanes et chrétiennes), les déclarations polémiques et orientées du père et surtout les projets juteux (Abdoulaye Baldé qui avoue son immense richesse tirée des Arabes ne nous démentira pas) entrent dans ce vaste cadre de mise en selle, mise en scène.

La presse, en passant au peigne fin à outrance les faits et gestes de Karim Wade, participe sans le vouloir consciemment à le victimiser, à le martyriser et par conséquent à le populariser. N’est-ce pas le but recherché pour contourner ses handicaps objectifs.

Notre opposition n’est pas en reste. Très souvent, elle adopte, dans ce débat, une inconfortable posture réactive qui la met à la traîne alors qu’en politique, le sens de l’initiative est une pièce maîtresse.

Finalement, si l’on y prend garde, sur la « route vers le sommet » de l’Etat, seul le « petit peuple du 19 mars 2000 » pourrait constituer un obstacle rédhibitoire à la « génération des constructeurs ».

Saamba Saër Diop
Citoyen inquiet

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