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jeudi, 05 mars 2009

Bruxelles : La Belgique traîne le Sénégal en justice internationale

La Belgique a porté plainte devant la justice internationale contre le Sénégal, dans le cadre de l’affaire Hissène Habré, du nom de l’ex-président tchadien accusé de crimes de torture et de crimes contre l’humanité par des organisations de défense des droits de l’homme.

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La Belgique invoque « un différend » qui l’oppose au gouvernement du Sénégal, dans son « obligation de poursuivre » l’ancien président tchadien, selon un communiqué de la Cour internationale de Justice de La Haye (CIJ, basée au Pays Bas) dont Luso a pu obtenir copie. Le communiqué de la CIJ est daté du 19 février et la cour précise avoir reçu la plainte le même jour dans « l’après-midi». Au Sénégal aucune réaction officielle n’avait encore été enregistrée jusqu’au vendredi en milieu d’après-midi.

Selon des sources proches du gouvernement contactées par Luso, des consultations étaient en cours avec la « présidence » sénégalaise pour savoir quelle attitude adopter. L’affaire Hissène Habré a éclaté depuis le début des années 2000 et ne cesse d’aller de rebondissement en rebondissement sans que l’ancien chef d’Etat soit jugé.
Une première fois en 2001, la justice sénégalaise s’était déclarée « incompétente » pour juger l’affaire. Mais, en juillet 2006, suite à un intense lobbying d’organisations de défense de droits de l’homme, conduites par Human Rights Watch, l’Union africaine avait demandé au Sénégal de juger M. Habré.

A la mi-septembre 2008, l’affaire avait connu un autre rebondissement à Dakar, après une énième tentative des organisations de défense des droits de l'homme de mettre la pression sur le Sénégal pour que s'ouvre à Dakar le procès du président déchu.

Le Sénégal, qui a décidé de mettre en place une juridiction spéciale, a estimé le coût du procès à 18 milliards FCFA, mais pour l'instant seuls le Sénégal (1 milliard) et le Tchad (2 milliards) ont publiquement annoncé des contributions financières chiffrées pour participer aux dépenses liées au procès.

L’Union européenne a aussi promis de contribuer, mais du côté de Dakar on se plaint toujours de n’avoir rien reçu de ce « partenaire » en termes de contribution financière destinée au procès. D’ailleurs, début février, en marge du sommet de l’Union africaine tenu à Addis-Abeba, le président sénégalais Abdoulaye Wade avait menacé de remettre l’ex-président à l’organisation panafricaine, estimant, que l’affaire portait préjudice à son pays.« Finalement, l'histoire d'Hissène Habré va se retourner contre le Sénégal. Certains nous accusent de ne pas vouloir le juger, mais qu'ils comprennent que l'on ne nous donne pas les moyens de le juger », avait notamment déclaré le président sénégalais.

Des informations parues dans les médias affirment que le Sénégal souhaite la mise à disposition de l’intégralité des montants nécessaires avant d’entamer le procès. Face à ces lenteurs, les ONG de défense des droits de l'homme accusent le Sénégal de délibérément faire traîner les choses. L'Etat sénégalais affirme de son côté son intention de juger l’ex-président, s'appuyant sur des réformes apportées à ses lois, y compris à sa constitution, afin de rendre possible un jugement.

Hissène Habré a fui son pays en 1990, après la chute de son régime. Depuis il vit en exil au Sénégal où on lui a accordé l’asile politique. Son affaire risque de relancer à nouveau le débat sur le "deux poids deux mesures" de la « justice internationale » qui s’acharne contre les Africains, selon plusieurs dirigeants et intellectuels du continent.

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