Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 20 décembre 2008

La réclusion à perpétuité pour la sorcière, ses

Audience

Treize heures et deux minutes. Les jurés reprennent place dans la salle d’audience, le visage grave, visiblement sous le coup de la décision qu’ils viennent de prendre. La main droite sur le cœur, la présidente du jury lit le verdict: Geneviève Lhermitte est reconnue coupable de l’assassinat de ses cinq enfants, Sur son banc, l’accusée, le visage de cire, indéchiffrable, ne bronche pas, ne cille pas. Coupable, et responsable: au moment d’égorger Yasmine, Nora, Myriam, Mina et Mehdi, le 28février 2007 dans la maison familiale de Nivelles, elle n’était pas dans un état de déséquilibre grave la rendant incapable de contrôler ses actes.

19 h 23. Après en avoir délibéré pendant près de quatre heures, le jury et la cour infligent la réclusion criminelle à perpétuité à Mme Lhermitte.

"Particulièrement atroces"

L’arrêt, cinglant, évoque des faits "particulièrement atroces" qui ont causé à ces cinq enfants "des souffrances morales et physiques intenses" avant leur décès. La cour et le jury n’ont trouvé aucune circonstance atténuante à la maman: ni son sentiment d’isolement, ni sa personnalité dépressive, ni sa volonté de sortir par un suicide d’une situation qu’elle voyait comme une impasse ne peuvent justifier cette extrême violence, dit l’arrêt.

Si l’accusée a exprimé des regrets, il y a un manque de prise de conscience de sa propre responsabilité chez Geneviève Lhermitte, "qui n’a cessé de vouloir expliquer ses actes par des événements divers et invérifiables" et tenté d’en imputer la responsabilité à son mari et au docteur Schaar , "un homme bienveillant" pour la famille.

"Je vous incite à subir cette peine et à mettre à profit cette épreuve pour reprendre un jour pied dans la société qui pour le moment vous écarte d’elle", conclut le président en s’adressant à Geneviève Lhermitte.

"Ma peine, je m’en fous"

"Ma peine, je m’en fous complètement", avait lancé Geneviève Lhermitte, en pleurant, un peu plus tôt. "Toute ma vie, je serai emmurée dans mon chagrin, mes regrets, ma culpabilité".

Les 12 jurés ont déclaré Geneviève Lhermitte coupable d’assassinats sur ses 5 enfants. Ils l’ont jugée responsable de ses actes, le jour des faits comme aujourd’hui.. Aucune circonstance atténuante n’a été retenue.

Deux heures de délibération ont suffi au jury pour rendre leur verdict. Les huit femmes et les quatre hommes tirés au sort pour juger la mère infanticide n’ont pas suivi les nouvelles conclusions rendues mardi par le collège d’experts psychiatres. Ils ont estimé que Mme Lhermitte n’était pas irresponsable, ni au moment des faits, ni maintenant.

La décision des juges populaires est conforme aux réquisitions du ministère public qui avait estimé jeudi que la perte totale du contrôle de ses actes était difficilement conciliable avec le caractère méthodique, réfléchi et organisé des cinq mises à mort. Mais la cour et le jury se sont montrés plus sévères que lui pour la peine.

5 ans par enfant

L’avocat général Pierre Rans avait requis 30 ans de réclusion criminelle. "Cela peut paraître dur, mais ce n’est pas la perpétuité: cela laisse malgré tout un espoir. Si vous estimez que cela est excessif, je vous demanderai de ne pas descendre en dessous de 25 ans. Cela ne ferait que 5 ans par enfant", avait dit Pierre Rans. Qui a insisté sur le danger social que représente encore aujourd’hui Geneviève Lhermitte. "La carapace risque de sauter sous la pression de ses affects. Elle a encore du mal à ne pas focaliser sur certains faits, certaines personnes". On sent encore poindre quelque chose qui est de l’ordre de la haine, dit-il.

De son côté, la défense de Geneviève Lhermitte a demandé -en vain - de lui accorder de larges circonstances atténuantes. "Derrière cet air de marbre, elle est un paquet de souffrances. Une peine de 30 ans, ça lui convient, mais je ne peux pas jurer qu’elle va vivre 30 ans, ni même 30 jours", a lancé Me Xavier Magnée. "Cette morte-vivante incarne le remords, le regret, le désespoir. Il ne faudrait pas la suicider". Ce procès ne nous a pas dit pourquoi cette femme a fait ça, comment l’ange a été rejoint par le démon en quelques heures, continue-t-il. "Pourquoi elle tue? Parce qu’elle se suicide. Pourquoi elle se suicide? C’est vous qui le direz?", conclut-il à l’adresse du jury.

Pour Me Daniel Spreutels, la cour et les jurés devaient "faire la balance entre cette heure et demie dramatique et la vie d’avant". S’il y avait une circonstance atténuante à trouver, ce serait dans ces 17 années de présence pour les autres. "La douleur de Mme Lhermitte, c’est sa prison à vie", a encore dit Me Spreutels.

En vain.

Les commentaires sont fermés.