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mercredi, 10 décembre 2008

Des Africains qui se sacrifient pour d’autres Africains

La Déclaration universelle des droits de l’Homme a 60 ans

Le monde célèbre le 10 décembre l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme par l’Assemblée des Nations unies. Sur un continent, l’Afrique, où ces droits ne sont pas toujours garantis, notamment à cause des conflits et de régimes politiques autoritaires, beaucoup d’hommes et de femmes se battent pour qu’il en soit autrement. Petit tour d’horizon non exhaustif.

« Le système de défense des droits de la personne en Afrique s’est étoffé grâce à la mise en place au niveau régional d’institutions de protection des droits fondamentaux et à l’adoption de différents traités dans ce domaine. Pourtant, le respect des droits fondamentaux de la personne contenus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme demeure loin d’être une réalité pour tous les Africains », note le rapport 2008 de l’ONG Amnesty International sur le respect des droits de l’homme. Les progrès sont le fait d’hommes et de femmes remarquables pour leur courage et leur abnégation.

En Afrique, personne d’autre n’incarne mieux le combat pour les droits de l’homme que lui. Nelson Mandela aura passé 27 ans dans les geôles du régime ségrégationniste de Prétoria pour réclamer que les Noirs et autres minorités ethniques soient considérées comme des citoyens à part entière au sein d’une nation, désormais reconnue comme Arc-en-ciel. Les Sud-Africains ont gagné le combat de l’égalité grâce aussi à des hommes comme Steve Biko, assassiné en 1977 et son ami, l’avocat blanc Daniel Woods ou encore Monseigneur Desmond Tutu, prix Nobel de la paix 1984. Plus tard, en 1993, il sera décerné à Nelson Mandela et au président Frederick de Klerk pour avoir mis fin à l’Apartheid. Les Noirs sud-africains avaient dès lors le droit d’être des hommes comme les autres et de jouir des droits inhérents tels que stipulés par la Déclaration universelle des droits de l’Homme, dont on célèbre le soixantième anniversaire de l’adoption le 10 décembre.


Préserver et garantir ces droits, c’est le leitmotiv de certains. Comme L’avocat sénégalais Sidiki Kaba, élu à la tête de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) en 2001. Il se distingue notamment dans la défense des victimes tchadiennes de torture contre le dictateur Hissène Habré. Sidiki Kaba défendra également les opposants burkinabé dans l’affaire Norbert Zongo, le journaliste burkinabé assassiné en 1998 dans son pays. Alors président de l’Organisation nationale de défense des droits de l’Homme (ONDH) au Sénégal, l’avocat devient le premier président non français de l’ONG de défense des droits de l’homme. Son mandat de trois ans sera renouvelé en 2004, et en 2007, c’est la Tunisienne Souhayr Belhassen qui lui succède. Elle est aussi une pionnière puisqu’elle est la première femme à accéder à la présidence de la FIDH. Elle était jusque-là vice-présidente de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), la plus vieille organisation de défense des droits de l’homme dans le monde arabe et en Afrique. Mais surtout l’une de ses structures attelées à défendre des droits de l’homme souvent bafoués en Tunisie. Tout comme le cyberdissident tunisien Zouhair Yahyaoui, créateur du site Tunezine, l’avocate Radhia Nasraoui, présidente de l’Association de lutte contre la torture en Tunisie (ALTT), qui a fait en 2003 une grève de la faim pour que les autorités tunisiennes reconnaissent son agression par la police politique, ou encore l’avocat Mohamed Abbou, libéré en 2007 après deux ans d’incarcération.

En Afrique, ils militent aussi pour mettre fin à des pratiques séculaires, comme l’esclavage en Mauritanie. C’est l’objectif de l’association SOS Esclaves. Garantir la liberté d’expression des citoyens est aussi un autre cheval de bataille. En Guinée, lors de la grève générale lancée le 27 février 2006, la plus importante qu’ait connue le pays et qui l’a paralysé pendant 5 jours, une femme s’est particulièrement distinguée, la syndicaliste Rabiatou Sera Diallo, Secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG).

Les militants des droits de l’homme œuvrent aussi pour l’abolition de la peine de mort au Congo ou au Malawi. Vera Chirwa, militante de la première heure pour l’indépendance de son pays, se bat pour mettre fin à la peine capitale. Nelson Mandela et Desmond Tutu ont joint leurs efforts et obtenu en 1995 l’abolition de la peine de mort en Afrique du Sud.

Garantir les droits de l’Homme est une tâche ardue partout dans le monde. L’Afrique n’a donc pas à rougir de ses manquements, les progrès sont là si infimes soient-ils.

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