mercredi, 26 novembre 2008
Obama, un rat de bibliothèque qui fait lire ses compatriotes
Sur lui, par lui ou en rapport avec lui: les livres liés de près ou de loin à Barack Obama s'arrachent aux Etats-Unis depuis sa victoire à la présidentielle, pour le plus grand plaisir du monde de l'édition qui se félicite d'avoir enfin un grand lecteur à la Maison Blanche.
Les trois livres signés d'Obama lui-même occupent les trois premières places du classement du New York Times dans la catégorie essais. Du côté des livres pour enfants, un livre illustré sur le premier président noir des Etats-Unis domine aussi le palmarès.
L'obamania profite par ricochet à deux anciens présidents: Abraham Lincoln (1861-65) et Franklin D. Roosevelt (1933-45). Les ouvrages consacrés à ces deux géants de l'histoire américaine sont devenus introuvables depuis que Barack Obama a confié à la télévision qu'il se plongeait dans l'histoire de ses deux prédécesseurs, arrivés au pouvoir comme lui en temps de crise.
Le livre d'histoire le plus vendu par la librairie en ligne Amazon.com est "Team of Rivals" ("Une équipe de rivaux"), un ouvrage de Doris Kearns Goodwin consacré à l'administration Lincoln. En huitième position, "The Defining Moment" ("Le moment crucial"), consacré aux 100 premiers jours de la présidence Roosevelt, gagne du terrain.
"Cela fait partie d'un intérêt général pour Obama: essayer de pénétrer son esprit pour comprendre comment il voit le monde", observe l'historien Julian Zelizer, de l'Université de Princeton, selon qui les Américains semblent fascinés par l'arrivée d'un intellectuel à la Maison Blanche.
Son prédécesseur, George W. Bush, n'a guère brillé par ses lectures, sauf peut-être celle du "Petit chevreau", un livre pour enfants qu'il avait en mains le 11 septembre 2001 dans une salle de classe lorsqu'on lui a annoncé que deux avions avaient percuté les tours jumelles de New York.
"C'est intéressant d'avoir à nouveau quelqu'un qui lit à la Maison Blanche. On n'avait pas vu ça depuis huit ans", se félicite Mark Laframboise, directeur des achats de la librairie Politics and Prose à Washington. "Si Obama évoque un livre à la télévision, les éditeurs doivent réagir dans l'urgence".
L'éditeur Simon and Schuster a dû ainsi réimprimer plusieurs fois le "Team of Rivals" ainsi que "Michelle", une biographie de la future Première Dame, écrite par Liza Mundy.
Pour Obama lui-même, la soif de lire s'est déjà traduite par des revenus de 4 millions de dollars, d'après ce qu'il a déclaré l'an dernier au Sénat, pour son autobiographie "Les rêves de mon père" et "L'audace d'espérer", son plaidoyer pour transformer la politique américaine.
Les recettes devraient encore gonfler cette année avec la mise en vente d'un recueil de discours, "Change We Can Believe In" ("Un changement crédible"), dont le titre reprend l'un des slogans de campagne du candidat démocrate.
Malheur aux vaincus: les livres sur son rival républicain John McCain ne trouvent plus preneur. "On ne peut même plus rien vendre sur la guerre en Irak", témoigne M. Laframboise.
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