vendredi, 03 octobre 2008
Le sida, avatar de la colonisation ?
Une étude scientifique établit un lien entre la colonisation et la propagation de la maladie
Une étude parue ce jeudi dans la revue scientifique britannique Nature avance une nouvelle hypothèse quant à la propagation du virus du sida chez l’homme. La colonisation et le développement des villes d’Afrique centrale à la fin du XIXème siècle auraient favorisé son développement. La date de transmission du VIH/Sida du singe à l’homme est elle aussi remise en cause : la maladie n’aurait pas atteint l’homme en 1930 comme on le pensait mais bien plus tôt, dès 1880.
La colonisation des villes d’Afrique centrale aurait permis l’expansion massive du sida. Telle est la thèse de Michael Worobey, chercheur à l’université de Tucson en Arizona et des ses collègues. L’équipe internationale secoue la communauté scientifique avec cette affirmation. L’arrivée des colons belges à la fin du XIXème siècle aurait permis la réunion des conditions propices au développement de la maladie dans l’ex-Zaïre (actuel RDC). L’urbanisation, la croissance, l’intensification des déplacements, la densification de la population, l’inévitable prostitution liée au developpement de Kinshasa (ancienne Léopoldville, fondée en 1881) auraient facilité les rapports sexuels et donc la maladie.
Les scientifiques affirment avoir découvert la date d’apparition du virus chez l’homme
Le sida serait centenaire, voire plus. L’équipe de recherche composée d’Américains, de Belges, de Français et de Congolais, a analysé les deux séquences du virus les plus anciennes connues à ce jour. La première (DRC60) est extraite d’un prélèvement de ganglion conservé dans de la paraffine depuis 1960 et provenant d’une femme originaire de Léopoldville. La seconde (ZR59) date de 1959 et vient d’un homme de la même ville.
Les divergences importantes entre ces deux échantillons montrent les nombreuses mutations du virus qu’il y a pu avoir dans cette région. Au fil du temps, deux souches issues d’un ancêtre commun se ressemblent de moins en moins. Cela prouve ainsi l’apparition de l’ancêtre viral à une époque reculée. Les scientifiques situent cette période dans une fourchette allant de 1884 à 1924, qui correspond à la colonisation de la zone touchée. « L’importante différence génétique entre DRC60 et ZR59 démontre que la diversification du virus du sida dans l’Ouest de l’Afrique centrale a eu lieu longtemps avant le début de pandémie de sida connu à ce jour », explique Michael Worobey.
Cette étude apporte du nouveau sur la genèse du syndrome de l’immunodéficience acquise (SIDA) et crée la polémique. Elle confirme l’Afrique centrale comme épicentre de la pandémie. Il y a près d’un siècle, c’est en consommant de la viande de singe infectée ou en la chassant que l’homme s’est exposé au sang contaminé du primate et a ainsi contracté le virus. La maladie a été décrite pour la première fois en 1981 sous sa forme virale simple et en 1983 sous sa forme VIH1 par les professeurs Luc Montagnier et Robert Gallo. Elle touche aujourd’hui 33 millions de personnes à travers le monde et constitue un problème de santé publique majeur en Afrique.
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