jeudi, 02 octobre 2008
Projecteurs braqués sur Sarah Palin lors du débat des colistiers
WASHINGTON (Reuters) - Tous les projecteurs vont être braqués ce jeudi sur Sarah Palin lors du débat télévisé des colistiers républicain et démocrate pour l'élection présidentielle du 4 novembre aux Etats-Unis.
La gouverneur de l'Alaska, choix surprise du vétéran John McCain pour la vice-présidence, souffre de son inexpérience, de sa jeunesse et de ses premières gaffes.
Les débats entre les vice-présidents putatifs ont rarement un grand impact dans la course à la Maison blanche mais celui- ci risque d'être différent et de peser sur la suite des événements.
Une certitude - ce premier face-à-face entre le très prolixe Joe Biden, qui sera le vice-président de Barack Obama en cas de victoire du 'ticket' démocrate, et celle qui aime à se présenter comme une simple "hockey mum" devrait faire plus d'audience que le débat de la semaine dernière entre Obama et McCain.
Les premiers pas de l'ancienne reine de beauté de l'Alaska de 44 ans dans l'arène politique nationale font s'interroger, y compris dans son propre camp, sur sa capacité à accéder éventuellement un jour - John McCain est âgé de 72 ans - à la magistrature suprême.
Depuis sa désignation, Sarah Palin n'a accordé que trois entretiens à la presse et tenu aucune conférence de presse. Cette stratégie visant à la "protéger" n'a fait qu'accroître les inquiétudes à son sujet ainsi que l'enjeu du débat de jeudi.
"Normalement, les vice-présidents ne représentent aucun véritable enjeu mais il existe un seuil de crédibilité qu'il faut franchir s'ils veulent prétendre un jour entrer à la Maison blanche", explique Mitchell McKinney, un spécialiste en communication de l'université du Missouri. "La barre est placée assez bas mais si Palin ne la passe pas, cet échec risque de nuire à la candidature de McCain", prévient-il.
Sur le papier, le duel de jeudi rassemble deux adversaires que tout oppose. Joe Biden, de 21 ans l'aîné de Sarah Palin, est un grand bavard mais le président de l'influente commission des Affaires étrangères du Sénat est l'un des meilleurs experts du Parti démocrate en matière diplomatique.
Cet homme imprévisible cherchera à rassurer les électeurs-téléspectateurs qui continuent à douter de la relative inexpérience de Barack Obama, le jeune sénateur métis de l'Illinois qui mène d'une courte tête dans les sondages.
NI TAPISSERIE, NI LYNCHAGE
Dans ses interviews, Sarah Palin a paru hésitante et très "cornaquée" par ses "spin doctors" (experts en relations publiques). Son défi sera de rassurer les Américains qui s'inquiètent de la voir succéder un jour à John McCain à la Maison blanche.
Face à ces doutes, l'équipe de campagne du sénateur de l'Arizona a contre-attaqué, accusant les détracteurs de la gouverneur de l'Alaska de sexisme ou de condescendance.
Son adversaire devra marcher sur des oeufs pour ne pas donner l'impression d'être trop péremptoire à son égard.
"Je ne voudrais pas être à la place de Biden. Il ne devra ni faire tapisserie, ni lyncher Palin", explique le sondeur John Zogby. "Pas question pour le second d'Obama de paraître trop savant ou trop passif. Cela équivaudrait à une discussion entre un père et sa fille : et c'est le premier qui perd toujours."
Joe Biden a été un excellent "débateur" tout au long des primaires démocrates et de l'avis de David Steinberg, de l'université de Miami, il tentera de court-circuiter son adversaire républicain en s'adressant directement aux électeurs.
"Il devra fixer la caméra bien en face, un peu comme McCain l'a fait la semaine dernière, en s'abstenant de débattre directement avec Palin. Son véritable interlocuteur sera McCain, pas elle".
Malgré son expérience, Joe Biden n'est pas lui aussi à l'abri d'un dérapage. "Le danger pour les démocrates est qu'il dise une bêtise et fasse preuve de condescendance à l'égard de Palin", estime Steinberg.
Conscients des enjeux, les deux protagonistes ont suspendu leur campagne pour s'entraîner. Sarah Palin s'est ainsi isolée pendant deux jours dans une propriété de McCain en Arizona.
Dans le camp démocrate, on ne sous-estime pas la candidate républicaine à la vice-présidence. "C'est une excellente oratrice, qui s'est très bien débrouillée", assure David Plouffe, directeur de campagne d'Obama. "Nous nous attendons à ce qu'elle donne le meilleur d'elle-même."
Version française Jean-Loup Fiévet
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