mercredi, 01 octobre 2008
Interdit en Espagne, le parti Batasuna est menacé en France
PARIS (Reuters) - Le parti nationaliste basque Batasuna, interdit en Espagne pour ses liens avec l'ETA mais toujours légal en France, est mis en danger par une enquête judiciaire portant sur des attentats à l'explosif.
Sept personnes sur les 12 interpellées mardi au pays basque français étaient toujours en garde à vue vendredi dans le cadre de deux procédures, explique-t-on au parquet de Paris.
Jean-Claude Aguerre, porte-parole de Batasuna, et cinq autres suspects sont interrogés sur un attentat à l'explosif visant le complexe hôtelier du cuisinier Alain Ducasse en juin 2006 à Bidarray, et d'autres actions imputées à la mouvance basque.
De son côté, Xabi Larralde, autre porte-parole de Batasuna, est entendu dans le cadre d'une enquête préliminaire du parquet antiterroriste sur le rôle financier de l'organisation.
Les autres personnes arrêtées dans cette affaire ont été libérées sans que des charges soient retenues.
Parallèlement, les enquêteurs ont poursuivi les perquisitions engagées mercredi au siège de Batasuna, à Bayonne.
Policiers et gendarmes examinent l'hypothèse d'un financement des attentats commis par l'ETA par l'intermédiaire du parti Batasuna en France, a déclaré une source judiciaire.
Si ces soupçons étaient confirmés, la dissolution de Batasuna sur le territoire français deviendrait administrativement possible.
La justice espagnole, qui a dissous Batasuna en 2003 au motif qu'il était une officine de l'ETA, a demandé dans le passé l'arrestation de ses membres français. Mais la cour d'appel de Pau a refusé leur remise à Madrid en soulignant le caractère légal de ce parti en France.
DEUX AUTRES SUSPECTS TRANSFÉRÉS À PARIS
Batasuna, qui a toujours pignon sur rue en France, s'estime visé par une procédure politique, au moment où les gouvernements français et espagnol affichent leur volonté de coopérer dans le lutte contre l'ETA.
"C'est bien la structure politique même de Batasuna et le projet porté et animé par Batasuna que l'Etat français veut anéantir. L'Etat français a voulu et veut porter un coup fatal à Batasuna, mais Batasuna est ici, devant vous, et sera présent dans les jours à venir pour continuer son travail politique de terrain", a dit un porte-parole à Bayonne jeudi.
L'affaire survient alors que l'ETA a repris les attentats en Espagne avec trois actions en quelques jours qui ont fait un mort. L'organisation utilise des voitures volées en France et piégées à l'explosif, ce qui, aux yeux de la police, confirme l'utilisation de la France comme base arrière.
Deux autres suspects arrêtés séparément mardi dernier dans la Loire en possession d'armes et d'une voiture volée, Unai Fano et Maria Lizarraga Merino, ont été par ailleurs transférés à Paris vendredi.
La justice française est devant deux options, engager elle-même des poursuites, ou remettre les deux militants à Madrid. Les deux suspects font l'objet d'un mandat d'arrêt européen émis par les autorités espagnoles, pour lesquelles Unai Fano assurait le lien entre Batasuna et l'ETA.
Thierry Lévêque, édité par Gérard Bon
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