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lundi, 04 août 2008

Mc Cain politiquement décèdé

A QUATRE MOIS DE LA PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE, LA CAMPAGNE ENTRE DANS UNE PHASE DÉCISIVE. LE DÉBAT ENTRE LES DEUX CANDIDATS S’ENVENIME. PAS FACILE POUR JOHN MCCAIN de trouver sa place face au phénomène Barack Obama.
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Il n’y a pas si longtemps, John McCain pouvait passer des heures à débattre de sa vision du monde avec les électeurs ou les journalistes qui l’accompagnaient à bord de son autobus de campagne, le « straight talk express » (l’express du parler vrai). Manière de montrer, pour le candidat républicain, qu’il n’entendait pas rester prisonnier d’une idéologie et qu’il ne reculait pas devant les réponses nuancées.

Mais peut-on remporter une élection aux Etats-Unis en défendant de telles positions ? Changement radical d’approche et de méthode. Place désormais à la célèbre maxime « un jour, une idée », utilisée avec succès par les politiciens de tous bords. Face à un Barack Obama revenu d’une tournée triomphale au Proche-Orient et en Europe, l’équipe du sénateur républicain tente de reprendre l’offensive en rangs serrés. Avec une intention claire : transformer en faiblesses les points forts du rival, au premier rang desquels son incroyable popularité.

« C’est la plus grande célébrité du monde », assure ainsi la dernière publicité électorale de McCain, montrant un Obama entouré d’une foule qui scande son nom et dans laquelle s’intercalent des images de deux autres « célébrités » : Britney Spears et Paris Hilton. « Mais est-il prêt à gouverner ? », s’interroge le message en insistant sur la volonté supposée du démocrate d’accroître les impôts.

Cette manière de vouloir se montrer « à la fois drôle et brutal » (selon l’expression du Washington Times pour qui McCain ne parvient à être ni l’un ni l’autre) a fait grincer des dents, même dans l’entourage le plus proche du sénateur républicain. Tout comme Barack Obama, John McCain avait promis à d’innombrables reprises qu’il mènerait une campagne « propre », dénuée de stériles attaques personnelles. Aujourd’hui, pourtant, il y a péril en la demeure : pour une bonne partie de la planète, Obama est déjà pratiquement devenu le 44e président des Etats-Unis. Et même si le sort du scrutin continuera de se jouer dans les Etats indécis, comme le Colorado, le Michigan ou le Minnesota dans lesquels Obama est loin d’être assuré de gagner, McCain était apparu ces derniers temps particulièrement terne, voire carrément inexistant.

« John Mccain est-il stupide ? » en venait ainsi à se demander récemment un éditorialiste du très conservateur Wall Street Journal. Sur la question des impôts, mais aussi de l’énergie renouvelable et de la dépendance des Etats-Unis vis-à-vis du pétrole étranger, le sénateur républicain est accusé de multiplier les indécisions et les contradictions. C’est son « parler vrai » qui faisait jusqu’ici sa force. C’est sur son image d’homme politique indiscipliné qu’il avait bâti sa réputation. Mais il se comporte aujourd’hui comme s’« il ne faisait qu’attendre que son opposant perde tout seul », prévenait l’éditorialiste. Et si le candidat poursuit « sa campagne illogique », concluait-il, l’affaire est entendue : « Il va perdre. »

Malgré le récent changement de tactique, la tâche reste rude face à un adversaire qui continue de soulever les foules et d’occuper constamment le devant de la scène. L’équipe d’Obama semble compter sur le tapage médiatique qui accompagnera la Convention démocrate, fin août à Denver (Colorado), pour asséner le coup de grâce. Loin de se résoudre à un événement stéréotypé, les démocrates veulent en faire la culmination de la campagne hors norme qu’a menée jusqu’ici leur candidat. Il est prévu qu’Obama accepte la nomination de son parti au cours d’une cérémonie en plein air, devant une foule qui devrait avoisiner les 80.000 personnes. De quoi finir de donner l’image d’une candidature qui dépasse le cadre étroit des chapelles politiques, espèrent ses conseillers. De quoi terrasser une bonne fois pour toutes les ambitions de son adversaire.

D’ici là pourtant, l’équipe de campagne de McCain, qui vient d’être remodelée, n’entend pas rester sans réagir. Par son parcours personnel, Obama reste empreint au sein de l’Amérique profonde d’une image de candidat « exotique » qui soulève la méfiance et qui vient s’ajouter à la classique division gauche-droite qui coupe l’Amérique en deux. Pour les républicains, qui mettent en avant le caractère « présomptueux » de leur adversaire et qui en parlent avec moquerie comme de « l’élu », il s’agit de démontrer qu’Obama a perdu contact avec la réalité. « Nous comprenons qu’il soit indigne pour une célébrité mondiale de l’envergure d’Obama de rencontrer John McCain et de répondre aux questions des Américains », persiflait Brian Roges, un porte-parole du candidat républicain en faisant référence au refus d’Obama de croiser le fer avec son rival au-delà des trois débats télévisés qui sont prévus, et que McCain voulait prolonger de toute une série de rencontres dans les petites villes américaines.

Pour l’équipe de McCain, c’est le célèbre animateur de talk-show Jon Stewart qui a le mieux résumé la situation lorsque, commentant le voyage du démocrate en Israël, il raillait : « Obama est allé à Bethléem pour visiter la crèche où il est né. » Mais les conservateurs passent sous silence cet autre mot d’esprit du même Stewart qui, cette fois, s’en prenait à leur favori : « Votez McCain ! Je n’ai rien de spécial à offrir et je ferai probablement un très mauvais président. »
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