mercredi, 23 juillet 2008
UNION POUR LA MÉDITERRANÉE • Wade dénonce le "mur de l'UPM"
Le président du Sénégal, Abdoulaye Wade, est convaincu que l'Union pour la Méditerranée, qui a vu le jour à Paris le 13 juillet dernier, est une menace pour la cohésion du continent africain. Le quotidien burkinabé Le Pays partage cette opinion.
On peut tout reprocher à Abdoulaye Wade, sauf d'avoir la langue dans sa poche. Sur les grandes questions de portée mondiale ou ne concernant que l'Afrique, il manque rarement d'exprimer son point de vue et, nous le pensons, de la façon la plus sincère qui soit. Le chef de l'Etat sénégalais, malgré ses inconstances, notamment en matière de politique intérieure, se présente comme l'une des voix les plus pertinentes des dirigeants africains. Le Soudan et le Zimbabwe, dossiers brûlants entre autres, n'ont pas échappé à la loupe du chantre du Sopi [le parti du président]. De même qu'il a épinglé l'Union pour la Méditerranée (UPM), le dernier bébé de Sarkozy. "L'Afrique du Nord tournée vers le Nord, le Sahara deviendra ce que nous étions en train de combattre : un mur séparant politiquement notre continent en deux parties", a-t-il prédit dans une déclaration. On voit que, pendant que le patron de l'Elysée pouponne encore ce nouveau-né qui a poussé ses premiers vagissements le dimanche 13 juillet 2008 à Paris, Wade, lui, ne lui réserve pas le meilleur des accueils.
Muammar Kadhafi était le premier à désapprouver ce projet qui, selon lui, divisera encore plus le monde arabe. Il l'a d'ailleurs comparé en substance à un os qu'on jette à une meute de chiens affamés. A la suite du "Guide" lybien, Wade relève le caractère à la longue préjudiciable de l'UPM, autant à l'Afrique qu'à l'Union africaine. "Si nous étions tous au rez-de-chaussée, l'Afrique du Nord vient, elle, d'être hissée premier étage", dit-il.
Sans doute à cause de leur proximité géographique avec l'Europe, les pays du nord du Sahara sont des pays plus ouverts sur la France, l'Italie, l'Espagne, etc. Du reste, dans ces pays de l'Afrique du Nord, on appelle les ressortissants du Sud des "Africains". C'est dire combien, avec l'UPM, le mur entre ces deux entités géographiques de l'Afrique pourrait gagner en hauteur et deviendrait très rapidement infranchissable.
Faut-il en pleurer ou plutôt se servir de cette nouvelle tentative de division pour resserrer les rangs entre les Africains au sud du Sahara afin qu'ils soient définitivement maîtres de leur destin ? En lieu et place des lamentations qui n'ont que trop duré, il est temps pour les Africains, à défaut de constituer de nouveaux regroupements à l'image de l'UPM, de consolider ceux déjà existants, en particulier l'Union africaine. Il est temps pour l'Afrique, à travers des ensembles économiques forts, de se mettre au diapason des autres continents. A défaut, l'Occident continuera de la diviser au profit de ses intérêts. Malheureusement, quelques dirigeants, tirant personnellement profit de cet état des choses, n'ont jamais voulu que la situation change.
Morin Yamongbe
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