mardi, 24 juin 2008
Sommet euro-méditerranéen : Bouteflika se fait prier
François Fillon a plaidé, à Alger, en faveur d'une relation équilibrée entre les deux rives de la Méditerranée, avant la rencontre du 13 juillet à Paris.
La relation franco-algérienne était jusque-là incarnée par le tête-à-tête complexe des présidents. Elle se diversifie avec l'entrée en scène de François Fillon, le premier chef de gouvernement français à se rendre en Algérie depuis 1986. Cette nouveauté contribue à décrisper les rapports. Elle ne les simplifie pas pour autant.
Interrogé sur son éventuelle venue à Paris pour le sommet de l'Union pour la Méditerranée, prévu le 13 juillet, le président Abdelaziz Bouteflika a répondu dimanche d'un laconique et à peine audible «chaque chose en son temps». Le président s'exprimait en souriant sur le perron du palais de Mouradia à l'issue de plus de deux heures d'entretien avec le premier ministre français.
Soutien aux chrétiens
L'esquive du chef de l'État algérien était attendue par la délégation française, qui entretient un optimisme prudent. «On se dit les choses en face avec une grande franchise», résume-t-on dans l'entourage de François Fillon.
Les hésitations d'Abdelaziz Bouteflika sont en partie liées au Proche-Orient. Les Algériens suivent avec attention le voyage de Nicolas Sarkozy en Israël. Une visite mal perçue par la classe politique algérienne en raison du «sionisme» présumé du chef de l'État français et surtout de sa proximité avec le sommet parisien du 13 juillet. La classe dirigeante algérienne se dit déçue par la révision à la baisse des objectifs initiaux de l'Union pour la Méditerranée (UPM) et se préoccupe des risques de doublon avec les actuelles structures de coopération entre l'Europe et les pays du Sud. Elle s'interroge enfin sur la place de l'Algérie dans l'UPM.
Venu pour convaincre, François Fillon s'est voulu rassurant. «L'Algérie est un pays clé de la future Union. Je sais qu'elle s'y associera pleinement. C'est son intérêt, c'est aussi celui de tous les pays riverains», a-t-il affirmé. Le premier ministre a profité de l'occasion pour qualifier de «stériles» et «stupides» les polémiques sur l'invitation faite au Syrien Bachar el-Assad. Il répondait sans le citer à Jacques Chirac qui n'assistera pas au défilé du 14 juillet. «Ce qui compte, c'est l'égalité rive nord, rive sud» ajoute-t-il.
Sa visite samedi à la basilique Notre-Dame d'Afrique avait valeur de symbole à l'heure où des chrétiens sont victimes d'une campagne de harcèlement judiciaire. Le premier ministre a plaidé leur cause dans ses rencontres en rappelant les principes de liberté de culte auxquels la France laïque est attachée.
Dénué de passé algérien, Fillon a l'avantage de ne pas souffrir d'une image préconçue. Mais il présente peut-être l'inconvénient d'exercer un emploi précaire. Il s'en est lui-même amusé devant les étudiants de l'École supérieure des affaires algériennes (Esaa), l'équivalent local d'HEC. «La principale caractéristique de mon fauteuil est d'être un siège éjectable», a-t-il plaisanté.
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