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lundi, 12 mai 2008

Les rebelles du Darfour promettent d'attaquer à nouveau Khartoum

KHARTOUM (Reuters) - Le chef du Mouvement pour la justice et l'égalité (Jem), un groupe rebelle du Darfour, promet de lancer de nouvelles attaques contre Khartoum pour renverser le gouvernement soudanais, à la suite du raid du week-end.

"C'est le début d'un processus qui ne s'achèvera qu'avec la chute du régime", a dit Khalil Ibrahim, joint sur son téléphone satellitaire.

Il a affirmé qu'il se trouvait toujours à Omdurman, un faubourg de Khartoum que ses troupes ont attaqué samedi après-midi. Les autorités soudanaises ont affirmé avoir repoussé cet assaut mais des tirs étaient encore entendus lundi près de la ville jumelle de Khartoum, sur la rive occidentale du Nil.

Un responsable du ministère de l'Intérieur a précisé que des rebelles étaient toujours retranchés dans certains secteurs d'Omdurman, où le couvre-feu a été reconduit.

Les forces gouvernementales ont arrêté des hommes présentés comme des rebelles qui avaient endossé des vêtements civils.

Elles ont aussi bouclé un secteur du centre de Khartoum et forcé un groupe de rebelles présumés à se réfugier dans un immeuble. Elles ont ouvert le feu sur les suspects mais ceux-ci n'ont pas riposté, ont rapporté des témoins.

Les combats de samedi ont fait 65 morts, 45 parmi les rebelles et 20 dans les rangs des forces soudanaises, selon les autorités soudanaises.

Jamais les rebelles darfouris ne s'étaient avancés aussi près de la capitale en plusieurs années de conflit.

Le Soudan accuse le Tchad voisin de soutenir les rebelles, ce que dément N'Djamena.

Le gouvernement du président Omar Hassan al Bechir a, par ailleurs, arrêté lundi le leader de l'opposition islamiste Hassan al Tourabi et quatre autres responsables de son parti.

Le fils de Tourabi a précisé que son père avait été interpellé chez lui une heure après son retour d'une réunion de son Parti du Congrès populaire (PCP) dans l'Etat du Sinnar.

Les autorités "veulent faire croire que le parti est responsable de ce qui s'est passé", a dit Siddig al Tourabi.

RESPONSABLE ISLAMISTE ARRÊTÉ

Khalil Ibrahim, pour sa part, a rejeté tout lien avec Tourabi, affirmant que ce dernier ignorait tout de l'attaque menée samedi.

Tourabi a été un moment proche du président Bechir mais les deux hommes devenus rivaux se sont éloignés l'un de l'autre dans les années 1999 et 2000. Depuis, le responsable islamiste a fait plusieurs séjours en prison. Il avait été relâché la dernière fois à la suite de l'accord de paix conclu en 2005 entre le gouvernement et les rebelles du Sud-Soudan.

Moutrif Siddig, sous-secrétaire soudanais aux Affaires étrangères, a dit douter qu'Ibrahim se trouve toujours à Omdurman et a affirmé que le gouvernement était prêt à repousser toute nouvelle attaque.

"Nous avons tiré des leçons de ce qui s'est passé et nous serons mieux préparés s'ils osent revenir" a-t-il dit.

Les hommes du Jem, partis du Darfour, dans l'ouest du pays, ont mené une attaque éclair en parcourant la semaine dernière 600 km de désert pour atteindre la capitale.

Dimanche, le Soudan a rompu ses relations diplomatiques avec le Tchad, qui a démenti toute implication dans cette attaque et a déploré la "décision précipitée" de N'Djamena.

La capitale tchadienne avaient elle-même été attaquée début février par des rebelles. Le président tchadien Idriss Déby, qui appartient au même groupe ethnique que Khalil Ibrahim, avait accusé les assaillants d'être formés et soutenus par Khartoum.

Déby et Bechir ont signé en mars à Dakar un pacte de non-agression dans lequel ils s'engageaient à empêcher les rebelles de chaque pays d'utiliser le territoire de l'autre pour leurs attaques.

L'économie soudanaise, alimentée par le développement de la production pétroliére, a rapidement progressé depuis la signature d'un accord de paix qui a mis fin à une guerre civile entre le nord et le sud, en 2005, mais cet accord ne couvre pas le conflit qui a éclaté au Darfour il y a cinq ans.

Les pays occidentaux, qui font pression en faveur de discussions de paix, accusent Khartoum de freiner le déploiement au Darfour d'une force de maintien de la paix "hybride" Onu-Union africaine qui devrait compter à terme 26.000 hommes.

Version française Guy Kerivel

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