vendredi, 04 avril 2008
Un haut responsable des FARC exclut toute libération unilatérale d'otages
BOGOTA - Rodrigo Granda, considéré comme le "ministre des Affaires étrangères" des FARC, a exclu jeudi toute libération unilatérale d'otages, déclarant qu'aucun ne serait libéré autrement que dans le cadre d'un échange avec des guérilleros emprisonnés.
Cette déclaration rendue publique sur le site Web de l'Agence bolivarienne de presse (APB), qui diffuse régulièrement des communiqués des Forces armées révolutionnaires de Colombie, intervient alors qu'une mission envoyée par la France pour tenter d'approcher de la Franco-colombienne Ingrid Betancourt, otage depuis six ans et qui serait gravement malade, vient d'arriver à Bogota.
"Ceux qui sont prisonniers dans nos campements ne seront libérés que dans le cadre d'un échange de prisonniers", déclare Rodrigo Granda. "Il n'est pas admissible qu'on nous demande encore des gestes de paix, quand après tant de preuves concrètes de notre volonté politique de trouver des issues au conflit, on nous répond par l'infamie", ajoute-t-il.
Dans son message, Granda, responsable des relations extérieures des FARC, ne mentionne pas la mission humanitaire française.
"Ils sont nombreux à demander la libération des 'otages' mais nombreux aussi à oublier que les notres, les fils des pauvres qui ont lutté comme combattants de l'armée du peuple pour la justice sociale, sont dans des conditions pires que les prisonniers aux mains des FARC", lance-t-il en revanche.
Cette déclaration semble mettre un bémol aux espoirs d'une libération d'Ingrid Betancourt: elle intervient alors que l'avion acheminant deux médecins et deux diplomates, composant une mission censée approcher des FARC et de leurs otages, s'est posé jeudi à l'aube à Caracas. La mission française n'avait pas encore précisé sa destination finale, mais le gouvernement et les forces armées colombiennes se sont engagées à suspendre les opérations militaires dans la zone où elle se rendra.
Cette mission mise en place par la France, l'Espagne et la Suisse, trois pays impliqués depuis longtemps dans les négociations entre le gouvernement colombien et les différentes guérillas du pays, a débuté mercredi, avait annoncé l'Elysée, sans fournir plus de détails.
Paris et Bogota ont communiqué a minima sur cette mission, estimant que seule une discrétion extrême pourrait lui permettre de réussir. Les deux capitales ne réagissaient pas jeudi soir aux déclarations de Granda.
Ce dernier avait été libéré en juin 2007 par Bogota, à la demande de Paris, qui voulait faire avancer un éventuel échange humanitaire entre otages et guérilleros emprisonnés.
Les FARC réclament la démilitarisation d'une zone de 180 km2 des municipalités de Pradera y Florida, dans le Valle del Cauca, pour y discuter de cet éventuel échange humanitaire.
L'objectif de la mission humanitaire, annoncée mardi soir par le président français Nicolas Sarkozy, est d'apporter des soins médicaux à plusieurs des otages qui seraient souffrants. Ingrid Betancourt, détenue depuis plus de six ans, est atteinte d'une hépatite B récurrente et d'une lechmaniose, une maladie tropicale, selon sa famille, qui tient ces informations d'un ancien parlementaire colombien libéré par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en février. Son fils Lorenzo a affirmé mercredi qu'elle avait besoin d'"une transmission sanguine dans les heures qui viennent, sous peine de perdre la vie".
M. Delloye a dit jeudi nourrir l'espoir que cette mission pourrait également se solder par la libération de son ex-épouse, une éventualité évoquée également par le quotidien "International Herald Tribune" sur son site Web.
"Le premier objectif de cette mission, c'est de réussir à approcher Ingrid et de la soigner. (...) Par la suite, on espère que les émissaires pourront avoir la possibilité de discuter avec les FARC et envisager la sortie d'Ingrid de la jungle", a-t-il expliqué.
Le Guaviare est la région du sud-est de la Colombie où deux missions orchestrées par le Venezuela et la Croix-Rouge ont pu obtenir la libération de six otages en début d'année, dont l'ancienne collaboratrice d'Ingrid Betancourt, Clara Rojas, à l'époque où elle faisait campagne pour l'élection présidentielle colombienne. AP
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