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mardi, 26 février 2008

Neuilly, coups de théâtre dans le fief de Nicolas Sarkozy

NEUILLY-SUR-SEINE, Hauts-de-Seine (Reuters) - Etre ou ne pas être de Neuilly, telle est la question. Fief du président de la République qui en fut le maire pendant près de 20 ans (1983-2002), cette riche commune située aux portes de Paris est l'objet d'une joute électorale émaillée de coups de théâtre.

Le feuilleton aux allures de saga familiale a fait la "une" des médias, attirés par la théâtralité des situations et le caractère symbolique d'une cité qui servit de tremplin au locataire de l'Elysée.

Dans le rôle du dauphin sacrifié, David Martinon, porte-parole de l'Elysée. Propulsé candidat de l'UMP, l'énarque de 36 ans a été contraint de se retirer après un début de campagne peu concluant et le lâchage de ses anciens amis.

Dans le rôle du dissident devenu candidat officiel, Jean-Christophe Fromantin, 45 ans, désormais soutenu par l'UMP bien qu'il n'en soit pas adhérent.

Favori des sondages, ce marathonien, père de quatre enfants, vit à Neuilly depuis 20 ans. Un argument de poids dans ce "village" de 60.000 âmes où l'on se présente volontiers comme "Neuilléen depuis des générations".

Dans la course à l'hôtel de ville, on trouve aussi un ex-prétendant officiel entré en dissidence, Arnaud Teullé.

"VOTEZ POUR UN HOMME, PAS POUR UN ENFANT"

D'abord candidat UMP aux cantonales, l'ex-adjoint au maire a opté pour les municipales après le retrait de David Martinon. Il se présente sans l'aval de son parti, mais avec le soutien d'une figure locale : la mère du chef de l'Etat, Andrée Sarkozy.

"Dadu" était présente la semaine dernière à la réunion publique où Arnaud Teullé a résumé les récents rebondissements en une envolée gaullienne : "L'UMP bradée, l'UMP humiliée... Qui peut croire que j'allais laisser faire cela ?"

Le tableau est complété par la présence d'un jeune premier : Jean Sarkozy, fils cadet du président de la République. Etudiant en droit de 21 ans à la chevelure blonde et au phrasé calqué sur celui de son père, ce passionné de théâtre entre en politique comme candidat aux cantonales, à la place d'Arnaud Teullé.

Nicolas Sarkozy avait 22 ans quand il a été élu pour la première fois conseiller municipal à Neuilly, dont il est devenu maire six ans plus tard.

L'argument de la jeunesse n'est pas du goût de tous. "Votez pour un homme, pas pour un enfant aux cantonales", lançait un militant Mouvement démocrate dimanche au marché des Sablons.

C'est là, entre Arc de Triomphe et tours de la Défense, que se mêlent chaque week-end candidats et militants aux fleuristes, maraîchers et autres chalandes en manteau de fourrure.

Des ballons bleus marqués du slogan : "Fidèles à Neuilly, avec Arnaud Teullé" y fleurissent depuis quelques jours.

"Teullé et Martinon, c'était un tandem à la base. Quand l'un tombe du vélo, l'autre doit continuer", dit l'un de ses partisans, Sébastien Maurette. "On reprochait à David Martinon d'être parachuté, on ne peut pas faire ce reproche à Arnaud", renchérit un autre militant, Sébastien Grange.

Entre deux poignées de main, Arnaud Teullé explique à Reuters qu'il faudra "bien réfléchir avant de donner les clés de la maison à quelqu'un que les Neuilléens ne connaissent pas".

Il n'était à ses yeux "pas moral" de la part de l'UMP d'apporter son soutien à Jean-Christophe Fromantin "juste par ce qu'ils pensaient qu'il allait gagner".

ISF

Non loin de là, entouré de ses partisans vêtus de T-shirts "I love Neuilly", Jean-Christophe Fromantin parle à la presse.

"J'ai eu le soutien d'un grand parti, sans l'avoir demandé. J'en suis fier, ça permet de stabiliser la situation. Pour autant, je reste sans étiquette et ma liste est une liste de rassemblement, pas politique", dit-il.

Une Neuilléenne râle : "Il y a quatre candidats du même parti, qui disent les mêmes choses. Je trouve ça lamentable".

Dans un autre carré du marché, Lucienne Buton, qui entame à 75 ans sa cinquième campagne électorale sous la bannière socialiste, propose son analyse.

"Toutes ces histoires ont mis un peu de dynamisme mais aussi posé des questions, fait naître des rancoeurs. Les gens sont déstabilisés", estime-t-elle.

"Nous, nous demandons aux Neuilléens de nous donner la force d'être une opposition constructive", ajoute la conseillère municipale, qui a reçu en janvier le soutien du premier secrétaire du PS, François Hollande, venu dénoncer avec elle le manque de logements sociaux à Neuilly-sur-Seine.

En attendant le premier tour du scrutin, le 9 mars, les candidats argumentent sur des thèmes chers à cette ville où environ 10% de la population paie l'impôt de solidarité sur la fortune : familles, adolescents, seniors, sport, qualité de vie.

Sans oublier l'arlésienne locale : la question de l'enfouissement, ou non, de l'avenue de Neuilly (que personne n'appelle avenue Charles-de-Gaulle), axe très fréquenté qui traverse la ville de part en part.

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