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lundi, 25 février 2008

Nicolas Sarkozy accusé d'affaiblir la fonction présidentielle

PARIS (Reuters) - L'opposition a accusé Nicolas Sarkozy d'affaiblir la fonction présidentielle après son bras de fer institutionnel sur la rétention de sûreté et l'insulte lancée à un visiteur du Salon de l'agriculture.

Plus de 700.000 personnes ont regardé la vidéo diffusée dans la nuit de samedi à dimanche sur le site du Parisien.fr et qui montre le chef de l'État en train de qualifier de "pauvre con" un homme qui refuse de lui serrer la main.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, a jugé "insupportable" que "le président ne soit pas exemplaire", soulignant qu'il n'est pas "un citoyen comme les autres."

"C'est à force de manquer à tous ses devoirs que Nicolas Sarkozy connaît finalement la désaffection populaire", a-t-il dit sur Canal+, par allusion à la chute libre du chef de l'État dans les sondages.

Auparavant, responsables de gauche et syndicats de magistrats avaient dénoncé d'une même voix un "coup de force" et une "dérive grave" de Nicolas Sarkozy sur l'application d'une loi controversée sur la rétention de sûreté.

Deux anciens gardes des Sceaux socialistes, Robert Badinter et Elisabeth Guigou, ont mis en garde contre un "tournant très grave" dans le droit français.

Des dirigeants de l'UMP, comme Bernard Accoyer, ont dénoncé pour leur part une "polémique artificielle" à deux semaines des élections municipales.

DÉCISIONS SANS APPEL

"Il ne saurait être question d'une remise en cause du fonctionnement de nos institutions, ni des décisions du Conseil constitutionnel, qui sont sans appel", a affirmé le président de l'Assemblée nationale dans un communiqué.

Le ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux, a défendu la langage de Nicolas Sarkozy, jugeant, sur BFM, que "les hommes politiques ne sont pas des carpettes sur lesquelles on doit s'essuyer les pieds".

"On ne peut laisser le président seul au front", a déclaré de son côté Jean-Pierre Raffarin.

Invité sur Europe 1, l'ancien premier ministre a estimé que l'UMP et le gouvernement se devaient de "protéger" le chef de l'État, cible de toutes les attaques.

Nicolas Sarkozy a demandé au premier président de la Cour de cassation de lui faire des propositions pour rendre applicable immédiatement la rétention de sûreté, censurée partiellement par le Conseil constitutionnel.

Disant agir au nom des victimes, qu'il faut défendre contre les "monstres", le président de la République s'est défendu de chercher à contourner le Conseil constitutionnel, dont les décisions s'imposent à tous.

La loi permettant la détention illimitée après la prison de criminels supposés dangereux a été validée dans son principe mais les Sages en ont fortement limité l'application.

Ils ont notamment censuré la rétroactivité de la rétention de sûreté, qui vise les criminels jugés dangereux, à l'issue de leur incarcération.

Pour l'UMP, les "cris d'orfraies" de l'opposition relèvent de la "caricature de la politique politicienne."

Nadine Morano, porte-parole de l'UMP, a accusé le Parti socialiste de "se ranger du côté des assassins" et d'oublier les victimes.

"Trop, c'est trop. En déclarant que le Parti socialiste se met du côté des assassins, Nadine Morano, elle, se range clairement du côté de la bêtise", a répliqué Julien Dray, porte-parole du PS.

Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a appelé Nicolas Sarkozy à se ressaisir.

"Je ne soupçonne absolument pas Nicolas Sarkozy de pensée factieuse, je dis simplement: 'il exagère et il faut qu'il revienne à un état d'esprit qui doit être plus rassembleur'", a-t-il déclaré sur Radio J.

Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, a, lui, déploré une "stupéfiante atteinte à l'État de droit, dont le président est censé être le gardien."

Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a durement critiqué la désinvolture de Nicolas Sarkozy, qui, selon lui, fait l'erreur de se croire toujours en campagne électorale.

"Ca fait plus Tintin que de Gaulle", a-t-il lancé au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.

Gérard Bon

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