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dimanche, 03 février 2008

Les violences continuent au Kenya malgré un accord

KERICHO, Kenya (Reuters) - Des centaines de maisons et des plantations de thé ont été incendiées dans la vallée du Rift, poussant de nombreux habitants à fuir, malgré la conclusion d'un accord politique visant à faire cesser les violences au Kenya.

Des travailleurs humanitaires ont dit avoir reçu des informations faisant état de vingt morts depuis jeudi dans les villes de Kericho, Sotik et Kisii.

Sous l'impulsion de l'ancien secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, le camp du président Mwai Kibaki et celui du chef de l'opposition Raila Odinga sont convenu de prendre des mesures immédiates visant à mettre fin aux affrontements post-électoraux ayant fait près de 900 morts et plus de 250.000 réfugiés en un mois.

Kibaki et Odinga campent cependant toujours sur leurs positions.

Le premier affirme avoir été légitimement élu le 27 décembre et estime qu'il appartient aux tribunaux kényans de trancher la question.

Odinga, qui accuse Kibaki de fraude électorale, rejette cette solution et affirme que la justice du pays est acquise au président.

"D'un côté, M. Kibaki se dit engagé dans le processus de médiation en cours. De l'autre, il sape ce processus en disant que les problèmes du Kenya peuvent être résolus par l'action des tribunaux locaux", a déclaré Odinga samedi.

MAISONS ET ÉGLISE BRÛLÉES

Alors que Kibaki et Odinga s'accusaient mutuellement de porter la responsabilité des violences, celles-ci se poursuivaient à Kericho, dans la vallée du Rift, à 250 km au nord-ouest de Nairobi.

De hautes flammes se sont élevées au-dessus de bidonvilles où vivent des Kikuyus, l'ethnie du président Kibaki, tandis que les habitants fuyaient en entassant leurs maigres biens dans des charrettes.

"Ils disent que ces maisons appartiennent à des Kikuyus, alors ils les brûlent pour leur dire de s'en aller", a rapporté Victor Kemboi, un habitant de Kericho, alors que derrière lui des habitations achevaient de se consumer.

Dans la petite ville de Sotik, à 40 km au sud-ouest de Kericho, des gangs armés de machettes, d'arcs et de flèches, de lances et de gourdins se rassemblaient dans les rues, et de la fumée s'élevait au-dessus de plusieurs habitations et plantations de thé autour de la ville.

Près d'Eldoret, au nord de Kericho, une foule a encerclé samedi un temple protestant, où s'étaient abritées deux personnes, avant de brûler entièrement l'édifice. Selon un témoin, les occupants de l'église ont pu s'échapper sans être blessés.

"Je ne sais pas qui étaient les assaillants, mais ils ont enfoncé le portail et sont entrés. Le pasteur est un Kikuyu et le terrain appartient aussi à un Kikuyu. Peut-être que c'était la raison de tout ça", a estimé le témoin, Peter Kaguru.

Les chefs d'Etat de l'Union africaine, réunis au sommet à Addis Abeba, ont longuement évoqué la crise kényane au cours de leur sommet.

"Il est particulièrement triste de voir de nouvelles plaies s'ouvrir et le sang couler au Kenya et au Tchad", a déclaré le nouveau président de l'UA, le Tanzanien Jakaya Kikwete, faisant également allusion aux affrontements de samedi entre les rebelles et l'armée dans la capitale tchadienne.

Version française Gregory Schwartz

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