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samedi, 19 janvier 2008

La Russie met en garde contre une reconnaissance "illégale" du Kosovo

SOFIA (AFP) - La Russie a haussé le ton vendredi sur le sensible dossier du Kosovo, le président Vladimir Poutine mettant en garde les pays occidentaux contre un possible soutien à une déclaration d'indépendance unilatérale de la province serbe à majorité albanaise qu'il a qualifiée d'"illégale et immorale".


"Nous considérons qu'une déclaration d'indépendance unilatérale et un soutien de ce processus de la part d'autres pays de la communauté internationale serait une décision illégale et immorale", a martelé le président russe, lors de sa visite à Sofia.

"La Russie ne pourra pas soutenir une telle solution de la question", a-t-il dit, soulignant lors d'une conférence de presse que les négociations sur le Kosovo "devaient être poursuivies afin de trouver un compromis qui conviendrait à la partie albanaise tout comme à la partie serbe de la population".

Les Kosovars albanais (1.800.000 face à 200.000 Serbes) veulent, faute d'un accord avec la Serbie, proclamer unilatéralement leur indépendance, qui est considérée comme "inéluctable" par les Etats-Unis et la grande majorité des pays de l'Union européenne (UE), alors que Belgrade, soutenue par Moscou, son allié traditionnel, s'y oppose catégoriquement.

En tant que membre permanent, avec droit de veto, du Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie y a fait échouer tous les projets de résolution sur le Kosovo présentés par les pays occidentaux.

La veille, le président Poutine avait déjà mis en garde contre un "précédent" que créerait une indépendance du Kosovo pour d'autres régions séparatistes dans le monde, dans une tribune publiée par des médias bulgares.

"Notre position est extrêmement claire. Toute résolution sur le Kosovo devrait être approuvée par les deux parties. Il est également clair que toute résolution sur le Kosovo créerait un précédent dans la pratique internationale", a-t-il écrit.

M. Poutine n'a pas précisé quelles régions pourraient suivre cet exemple. Dans ses mises en garde régulières contre un "précédent" kosovar, Moscou évoque notamment la Géorgie et ses provinces séparatistes pro-russes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.

"Si on en arrive à la conclusion que dans la situation internationale actuelle, le droit à l'autodétermination est plus important que l'intégrité territoriale, alors il faudra l'appliquer dans toutes les régions du monde et pas seulement là où cela plaît à nos partenaires", avait ainsi affirmé début janvier le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Grigori Karassine.

Samedi, une réunion des membres européens du Groupe de contact sur le Kosovo (Allemagne, France, Grande-Bretagne et Italie) doit se tenir à Brdo, près de Ljubljana, à l'invitation de la présidence semestrielle slovène de l'UE.

Apparemment, cette réunion aura lieu sans représentants des Etats-Unis et de la Russie qui sont aussi membres du Groupe de contact.

Les Etats-Unis et la plupart des 27 pays membres de l'UE sont prêts à reconnaître l'indépendance du Kosovo, malgré les réticences notamment de l'Espagne, de la Grèce et de Chypre, mais souhaitent aussi, pour faire avaler l'amère pilule à Belgrade, accélérer le processus de négociations pour l'intégration de la Serbie dans l'UE.

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