lundi, 10 décembre 2007
L'affaire de l'Arche de Zoé complique la tâche des ONG étrangères au Tchad
JOHANNESBURG - L'affaire dite de l'Arche de Zoé, ONG française dont les membres sont accusés d'avoir voulu organiser depuis le Tchad le transport en France de 103 enfants présentés comme des "orphelins du Darfour", a des répercussions jusqu'en Afrique du Sud, où des organisations humanitaires comme Children of Fire sont désormais confrontées à l'extrême méfiance des autorités tchadiennes.
Rachid Dahiye Zakaria, 12 ans, a été jeté au feu et laissé pour mort par les janjawids, ces miliciens soutenus par Khartoum qui sèment la terreur au Darfour, dans l'ouest du Soudan. Gravement brûlé, il a marché pendant des jours jusqu'à un camp de réfugiés au Tchad avec les seuls membres de sa famille survivants, une grand-mère et une soeur.
Depuis des mois, il attend une opération qui lui permettrait d'accomplir seul des gestes simples, comme se vêtir, mais une telle intervention n'est possible que dans quelques pays africains.
Tout avait été préparé. L'organisation Children of Fire, basée en Afrique du Sud, avait organisé l'opération et les autorités de Pretoria l'avaient autorisé à entrer avec sa grand-mère sur le territoire sud-africain bien qu'ils n'aient pas de papiers d'identité. L'ONG avait même trouvé un interprète parlant le massalit, la langue natale de Rachid, pour communiquer avec l'enfant.
Mais les choses ont mal tourné. Selon la Britannique Bronwen Jones, fondatrice de Children of Fire, les autorités tchadiennes sont soudain devenues méfiantes à l'égard des offres d'aide étrangères. Elle lie ce changement d'attitude à l'affaire de l'Arche de Zoé.
Fin octobre, l'organisation humanitaire française a tenté depuis le Tchad de faire venir en France 103 enfants présentés -à tort selon le haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés- comme des orphelins du Darfour. Les autorités tchadiennes ont empêché l'opération et arrêté six Français membres de l'Arche de Zoé, qui ont été inculpés d'enlèvement de mineurs et escroquerie.
Les humanitaires étrangers soulignent que leur travail, déjà difficile, le long de la frontière avec le Darfour a été compliqué par l'affaire, créant un climat de suspicion nouveau à leur égard au Tchad.
Les répercussions vont même au-delà du Tchad. Le Congo-Brazzaville a ainsi suspendu toutes les adoptions internationales, une mesure toujours en vigueur. Children of Fire est l'une des organisations qui subissent le contrecoup de l'affaire. "Le gouvernement tchadien a peur de laisser partir Rachid de crainte d'être accusé d'avoir autorisé son enlèvement", explique Mme Jones.
A cause de ses brûlures, l'enfant a notamment un bras tordu et aurait besoin d'au moins trois importantes opérations avec des périodes de convalescence de six mois après chaque intervention, ajoute-t-elle.
Mme Jones a entendu parler de Rachid par l'intermédiaire d'un journal britannique. Depuis, des donateurs britanniques ont versé quelque 10.000 livres sterling (14.000 euros) pour financer ses opérations, précise-t-elle.
Loin de baisser les bras, elle tente toujours de convaincre les autorités tchadiennes sur le cas de Rachid. "Il y a d'interminables échanges d'e-mails", souligne-t-elle. AP
22:07 Publié dans Science et Santé | Lien permanent | Commentaires (0) | del.icio.us | Facebook | | |
Les commentaires sont fermés.