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samedi, 01 décembre 2007

Ingrid Betancourt: "Ici, nous vivons comme des morts"

PARIS - L'otage franco-colombienne des FARC Ingrid Betancourt confie sa détresse dans une longue lettre de douze pages adressée à sa mère. "Je vais mal psychiquement", écrit-elle dans ce courrier transmis samedi à l'Associated Press par son comité de soutien.

Le gouvernement colombien a rendu publiques vendredi des cassettes vidéo, photos et des lettres qui pourraient constituer la première preuve directe de vie depuis 2003 d'Ingrid Betancourt et des otages américains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

"Je ne me suis pas réalimentée, j'ai l'appétit bloqué, les cheveux me tombent en grandes quantités", raconte l'otage dans une lettre à sa famille. "Je n'ai envie de rien. Je crois que c'est la seule chose de bien, je n'ai envie de rien car ici, dans cette jungle, l'unique réponse à tout est 'non'. Il vaut mieux donc, n'avoir envie de rien pour demeurer au moins libre de désirs".

Elle explique à sa mère Yolanda Pulecio que "chaque chose est un miracle", comme l'entendre "chaque matin" à la radio. Référence à une station qui diffuse des déclarations des proches d'otages. Elle lui demande de dire à ses enfants de lui envoyer trois messages hebdomadaires. "Je n'ai besoin de rien de plus mais j'ai besoin d'être en contact avec eux. C'est l'unique information vitale, transcendante, indispensable, le reste ne m'importe plus", poursuit-elle.

Revenant sur ses conditions de détention, elle dit que "la vie ici n'est pas la vie", mais "un gaspillage lugubre de temps". "Je vis ou survis dans un hamac tendu entre deux piquets, recouvert d'une moustiquaire et avec une tente au dessus, qui fait office de toit et me permet de penser que j'ai une maison".

Elle explique qu'elle est "la seule femme du groupe", laissant supposer qu'elle a été séparée de sa directrice de campagne Clara Rojas, avec laquelle elle avait été enlevée le 23 février 2002.

Ingrid Betancourt adresse également un message émouvant à sa fille Mélanie, la qualifiant de "meilleure version de ce qu'(elle) aurait voulu être". A son fils Lorenzo, elle confie que "tout ce qui vient de lui est du baume pour (son) coeur".

A son beau-fils Sébastien, issu du premier mariage de son ex-mari Fabrice Delloye, elle assure qu'elle n'a "pas deux, mais trois enfants d'âme". "Je t'ai toujours aimé comme le fils que tu es et que Dieu m'a donné. Le reste ne sont que des formalités".

"Durant plusieurs années, j'ai pensé que tant que j'étais vivante, tant que je continuerai à respirer, je dois continuer à héberger l'espoir", souligne l'ancienne candidate à l'élection présidentielle en Colombie. "Je n'ai plus les mêmes forces, cela m'est très difficile de continuer à croire (...) Ici, nous vivons comme des morts". AP

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