mardi, 13 novembre 2007
Pakistan: Benazir Bhutto assignée à résidence sous la surveillance de milliers de policiers
LAHORE, Pakistan - Les forces de l'ordre pakistanaises ont établi un important dispositif de sécurité comprenant des milliers de policiers afin de faire respecter l'assignation à domicile de l'opposante Benazir Bhutto, que le gouvernement veut empêcher de mener, mardi, une grande marche entre Lahore et la capitale Islamabad pour dénoncer l'état d'urgence décrété par le général-président Pervez Musharraf
Une porte-parole de Bhutto, Sherry Rehman, a déclaré que l'ancien Premier ministre était coincée dans la demeure en compagnie d'une poignée de collaborateurs. Elle a ajouté que le gouvernement de la province du Punjab a apposé l'ordre d'assignation de sept jours à la porte principale de la propriété. Benazir Bhutto "reste très ferme dans sa détermination à conduire la longue marche ainsi que sortir le pays de cette crise".
Un autre conseiller de Mme Bhutto a affirmé que les partisans de l'ancienne Premier ministre, assignée à résidence pour la deuxième fois en quatre jours, feraient tomber les barricades et lui permettraient de participer à cette marche de 300 kilomètres.
Mais les policiers sont rapidement intervenus arrêtant les premiers manifestants à approcher du périmètre de sécurité. Pour l'heure, une cinquantaine de partisans de Bhutto dont deux parlementaires ont été interpellés.
Des milliers de policiers anti-émeutes bloquaient mardi toutes les routes menant à un quartier huppé de Lahore, où Mme Bhutto séjourne actuellement. Dans une rue, huit camions ou tracteurs munis de remorques chargées de sable ont été disposés mardi matin.
Les policiers ont pris position derrière les véhicules et une rangée de barrières en métal coiffées de fil barbelé. La maison d'un député de son parti dans laquelle séjourne Mme Bhutto n'était pas visible au-delà du périmètre de sécurité.
Lundi soir, des témoins avaient rapporté que des tireurs d'élite s'étaient déployés sur les toits des immeubles voisins de la résidence.
Le conseiller de Mme Bhutto, le sénateur Safdar Abbasi, a déclaré que l'assignation à résidence pour sept jours n'obligeait pas l'ancienne Premier ministre, car ni elle ni aucun de ses représentants n'ont reçu le document en question en mains propres.
"Elle défiera l'interdiction", a déclaré M. Abbasi à l'Associated Press par téléphone. "Nous sommes prêts pour la longue marche, et nos partisans retireront tous les barrages policiers sur le chemin de leur leader".
Le chef des opérations de la police de Lahore, Aftab Cheema, a cependant affirmé qu'un représentant de Mme Bhutto s'était bien vu présenter l'ordre écrit.
Il s'agit de la deuxième assignation à résidence en quatre jours pour Mme Bhutto après son placement en résidence surveillée vendredi à Islamabad pour l'empêcher de prendre la parole lors d'une manifestation.
Lundi, Benazir Bhutto s'était déjà vu interdire de prendre la tête de cette grande marche en raison de l'interdiction de toute manifestation et du risque d'attentat.
Mme Bhutto avait l'intention de quitter Lahore (est du pays), mardi matin, pour marcher sur Islamabad. Le trajet devait prendre environ trois jours, pendant lesquels des milliers de sympathisants devaient se joindre au cortège pour exiger la levée de l'état d'urgence décrété le 3 novembre et l'abandon par le général-président Pervez Musharraf de ses fonctions dans l'armée, selon le Parti du peuple pakistanais (PPP).
Cette tentative de priver l'ex-Premier ministre de sa liberté de mouvement risque d'attiser les tensions politiques et d'éloigner encore la perspective d'une alliance entre le président Musharraf et Mme Bhutto après les élections législatives prévues pour janvier. Or, les alliés occidentaux du Pakistan considèrent qu'un tel rapprochement serait utile dans la lutte contre le regain d'extrémisme religieux actuel dans la région. AP
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