lundi, 12 novembre 2007
Elio Di Rupo mauvais perdant tente un COUP D'ETAT
Dimanche, 14 heures, Bruxelles : Elio Di Rupo a quitté les plateaux de la RTBF et de RTL-TVI, et précise avec nous la position du PS.
Thienpont - Le Soir
ENTRETIEN
Elio Di Rupo, l’Orange bleue cale, mais en quoi les partis francophones en son sein seraient-ils responsables de la grande crise communautaire ?
Avec Guy Spitaels, Philippe Busquin, nous avons eu longtemps affaire, nous socialistes, à un CVP très exigeant, rabique, mais dans les difficultés, jamais nous n’avons joué au plus malin, comme le fait M. Reynders depuis le 11 juin. Au-delà des divergences fondamentales avec les partis flamands, nous avons toujours trouvé la voie de la discussion, ce qui a permis d’aboutir à des réformes importantes, en 1980, 1988.
Surtout : jamais avec nous les Flamands ne se sont autorisés à voter contre les francophones, à les humilier ! Voilà de quoi les négociateurs de l’Orange bleue sont responsables : avoir modifié fondamentalement le climat politique dans ce pays.
Encore aujourd’hui : si le MR ne dit pas : « Leterme, c’est terminé », c’est parce qu’il a plus de plaisir à chasser les socialistes qu’à défendre les francophones !
Juncker, Premier luxembourgeois, grand observateur politique, a dit : « Je ne reconnais plus la Belgique ». En cinq mois, les libéraux et les chrétiens ont détruit vingt ans de grands équilibres.
Vous réclamez un « geste fort » des partis flamands après le vote de mercredi. Concrètement ?
Ils doivent revenir sur leur vote, en commission ou en séance plénière au Parlement. Il faut aussi un geste montrant qu’ils ne feront plus jamais cela.
C’est demander l’impossible…
Mais il y a des Flamands raisonnables. Le bourgmestre de Saint-Trond, SP.A, a dit qu’il s’était laissé embrigader ; Tinne Van der Straeten, de Groen, s’est abstenue mercredi ; des éditorialistes, comme Luc Van der Kelen, dans Het Laatste Nieuws, écrivent que le vrai courage des Flamands eût été de ne pas voter…
L’Orange bleue a laissé s’ouvrir une brèche gravissime pour l’humiliation et la soumission des francophones : certains en Flandre avancent maintenant qu’ils pourraient très bien reproduire leur geste du 7 novembre sur d’autres sujets… Si on les laisse faire, ils diront : « Puisqu’on n’en sort plus avec vous, on va régionaliser la SNCB, les allocations familiales, la politique scientifique, l’emploi… » Etc. Non, il faut exiger une réparation. MR et CDH doivent l’obtenir de leurs partenaires néerlandophones , sauf s’ils attachent plus d’importance à avoir un portefeuille ministériel. Les Flamands ne peuvent quand même pas faire de gouvernement sans les francophones…
Mais cela peut durer six mois…
Et alors ? Même si c’était le cas, le Parlement peut voter toutes les lois que l’on veut : en matière d’énergie, de pouvoir d’achat, etc. Ces lois seraient promulguées par le gouvernement en affaires courantes. On pourrait faire cela dans un grand consensus national. Pourquoi pas en ouvrant le gouvernement à d’autres partis, de l’Orange bleue, qui pourraient y siéger comme observateurs ?
Guy Verhofstadt resterait au « seize » alors ?
Oui. Personne ne dit qu’il a été un mauvais Premier ministre. Mais soyons clairs : ce n’est pas à moi de faire des propositions, mais à ceux qui ont porté le pays à la catastrophe.
L’idée qui tourne en est une autre : avec Herman Van Rompuy et Armand De Decker, lancer une grande commission qui discutera de l’institutionnel…
Une commission pour l’institutionnel et, à côté, un gouvernement qui, lui, repartirait pour le reste ? Et quel « reste » ?, alors que tout ce temps, ils ont mis sur le côté des questions cruciales comme celles de l’emploi, de la SNCB, de la politique scientifique, où il y a de grosses implications communautaires.
Et puis quoi, les Flamands ont voté en force à la Chambre, et on tournerait la page ? L’Orange bleue continuerait à faire ses petites affaires, pendant que les autres discuteraient dans une commission ?… C’est se moquer du monde ! Les écolos sont d’accord avec un tel scénario ? Pas nous.
Que voulez-vous exactement ?
Un : il faut un geste préliminaire des Flamands, je l’ai expliqué. Deux : il faut que les francophones se réunissent, et écrivent ensemble un texte commun, précis, concret, sur ce que nous voulons exactement et ce que nous ne voulons pas face à la Flandre. Pour moi, aucune négociation ne doit s’ouvrir avant ces deux points.
Donc, le PS ne participera pas à cette commission.
Non. Les conditions doivent être modifiées pour permettre au PS d’y participer.
Vous avez dit ça aux présidents de la Chambre et du Sénat ?
Je leur ai dit exactement ça. Le PS, parti de dialogue et de construction, ne va pas dans une commission qui est aujourd’hui une commission de destruction nationale. C’est ce que dira le Bureau du parti ce lundi. On nous a donné un coup de massue, on nous a mis à plat ventre, puis on nous redresse un peu, on nous met sur la chaise, alors qu’on voit encore des étoiles, et on doit passer à table… Ce n’est pas sérieux !
L’Orange bleue est un échec, et l’honneur – ça existe en politique – serait de dire : « On arrête, on fait autre chose ».
Les socialistes pourraient monter dans une tripartite ?
Je ne suis pas un empressé du pouvoir.
Mais ce serait pour le « bien du pays », dirait-on…
J’entends déjà les commentaires… Non, j’ai vingt ans de vie politique, j’ai été ministre-président, vice-Premier, je ne vais pas m’abaisser pour un portefeuille ministériel. Le PS peut vivre dans l’opposition. Je dis simplement que l’Orange bleue doit se retirer, et que ce n’est pas à nous de préciser pour quelle autre formule. A M. Reynders, Mme Milquet, de réparer les dégâts qu’ils ont faits. En tout cas, avant de faire un gouvernement, il faudra laver l’affront fait aux francophones.
Vous êtes déçu que Joëlle Milquet n’ouvre pas le jeu ?
Elle a fait une nuance, aujourd’hui : elle a donné de 49 à 51 % de chances à l’Orange bleue à la télévision… J’ai lu dans ces 49 % quelque chose qui traverse son esprit…
C’est ténu…
Docteur en sciences, je m’attache à ce que l’on dit jusque dans le détail.
Interviewé dans « Le Monde », Didier Reynders affirme qu’on est sur la voie du confédéralisme…
M. Reynders veut plaire à la Flandre. Le confédéralisme, c’est la thèse flamande. C’est une capitulation. J’espère qu’il va se ressaisir et préciser sa pensée.
Mais est-ce encore possible de vivre dans notre Etat fédéral ?
Bien sûr. Mais il faut des signaux clairs de cette volonté.
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