mercredi, 07 novembre 2007
France:L'opposition brocarde les hésitations de l'Elysée sur le Tchad
PARIS (Reuters) - L'opposition socialiste a condamné les hésitations de l'Elysée sur le dossier judiciaire de l'Arche de Zoé, où dix Européens sont écroués au Tchad pour enlèvements d'enfants.
Nicolas Sarkozy a déclenché des réactions indignées du président tchadien Idriss Déby et de plusieurs ministres de son gouvernement en déclarant mardi qu'il irait personnellement "chercher ceux qui restent, quoi qu'ils aient fait", comme il l'a fait pour trois journalistes et quatre hôtesses de l'air dimanche.
"Nicolas Sarkozy, à force d'en faire beaucoup, sur ce sujet comme sur d'autres, finit par en faire trop", a dit sur LCI Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale.
Il a rappelé que le chef de l'Etat avait fait cette déclaration controversée lors d'une visite en Bretagne où il a annoncé des mesures pour les pêcheurs, juste avant de s'envoler pour une visite officielle aux Etats-Unis.
"On dirait qu'il n'y a pas plus de gouvernement, il s'occupe de tout et finalement, il finit par faire des erreurs. Là, c'est pas une erreur mineure, c'est une erreur grave. J'ai peur que sur beaucoup de sujets, ce soit la même chose", a-t-il ajouté.
Au total, dix Européens - les six membres français de l'Arche de Zoé, trois membres d'équipage espagnols et le pilote belge qui devait transporter en France 103 enfants africains - sont inculpés et écroués au Tchad.
Ils encourent en théorie jusqu'à vingt ans de travaux forcés devant la justice tchadienne, qui, soutient le gouvernement tchadien, est aux termes d'une convention bilatérale seule compétente pour juger l'affaire.
Nicolas Sarkozy, en déplacement à Washington, n'est pas revenu sur le sujet. Le porte-parole de l'Elysée David Martinon a modéré une première fois les propos du président en expliquant que, même si Paris avait une préférence pour un procès en France, tout "dépendait d'une décision des autorités judiciaires tchadiennes".
Le Premier ministre François Fillon est intervenu à son tour mercredi matin sur Europe 1. "Les représentants de cette association sont des ressortissants français et ils ont droit à la protection de la France. Ce que Nicolas Sarkozy a dit hier, au fond, avec ses mots, c'est que la France leur accorderait une protection totale", a-t-il dit.
"Il faut que les juges du Tchad et les juges français aillent jusqu'au bout des procédures et débattent ensemble de la meilleure façon de traiter cette affaire. Notre préférence est qu'il y ait un accord entre justice française et tchadienne pour qu'ils soient jugés en France", a-t-il ajouté.
La justice française a ouvert fin octobre une information judiciaire pour "exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption" et possède aussi des éléments à charge contre les membres de l'Arche de Zoé.
L'information judiciaire a été confiée à deux juges d'instruction de Paris, qui vont centraliser les plaintes déposées partout en France par les familles qui avaient financé l'Arche de Zoé en vue de l'accueil d'un enfant.
Selon le Parisien de mercredi, les deux magistrats ont envoyé une commission rogatoire internationale au Tchad pour demander l'aide judiciaire de ce pays sur le dossier.
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