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mercredi, 26 septembre 2007

La Chine noue des liens avec l'opposition birmane

PEKIN (Reuters) - Même si la Chine ne l'admet pas publiquement, Pékin courtise depuis quelques temps l'opposition birmane et les minorités ethnique qui peuplent sa frontière avec le Myanmar, se préparant à un éventuel changement de régime.


Partenaire économique de longue date de la junte qui règne sur le Myanmar, la Chine a soutenu les généraux lors de la répression de manifestations de 1988 et quand ils ont refusé d'admettre le résultat des élections de 1990, remportées par le parti d'Aung San Su Ki, prix Nobel de la paix.

Tandis que des milliers de moines continuent à défiler à travers l'ancienne Birmanie, la Chine appelle les autorités à préserver la stabilité du pays, promettant de ne pas s'ingérer dans ses affaires intérieures.

Mais derrière cette neutralité de façade, la Chine entretient des relations discrètes avec les mouvements d'opposition et avec les minorités ethniques, affirment des observateurs occidentaux et des représentants des groupes dissidents contactés.

Zin Linn, porte-parole du Gouvernement de coalition nationale de l'union de Birmanie (NCGUB), un parti d'opposition exilé en Thaïlande, assure avoir rencontré des représentants chinois l'année dernière.

"Ils ne nous ont pas reconnus officiellement, mais je pense qu'ils essayent de comprendre notre situation et notre point de vue", dit-il.

La Chine est le principal débouché du Myanmar, qui y exporte du bois et des minerais, et l'ex-Birmanie doit abriter un oléoduc permettant d'approvisionner le Sud-Ouest chinois en hydrocarbures en évitant le détroit de Malacca, l'un des plus fréquentés au monde.

Ces contacts montrent que la Chine prend les devants, même s'il n'est pas question de lâcher les généraux, pense Andrew Small, chercheur au German Marshall Fund, basé à Bruxelles.

"Depuis qu'elle a investi dans cet oléoduc, la Chine a davantage besoin de stabilité chez son voisin", déclare Small.

"Elle sait qu'elle ne peut se permettre de négliger les minorités ethniques et les mouvements démocratiques pour que ses relations (avec Rangoun) survivent à un éventuel changement de régime", poursuit-il.

LÉGER REVIREMENT

Jusqu'à présent, la Chine n'a montré aucun signe laissant penser qu'elle pourrait abandonner son soutien à la junte birmane.

En janvier, la Chine et la Russie avaient opposé leur veto à une résolution qui exhortait le Myanmar à libérer tous les prisonniers d'opinion, à se démocratiser et à cesser de réprimer les minorités.

Pékin et Moscou avaient à l'époque fait valoir que les violations des droits de l'homme n'étaient pas du ressort du Conseil sécurité, à moins qu'elles ne représentent une menace pour la paix et la sécurité internationale.

Mais la diplomatie chinoise semble avoir opéré un léger revirement et semble tempérer son appui aux généraux.

Un diplomate chinois, Tang Jiaxuan, a récemment déclaré que "la Chine espérait de tout coeur que le Myanmar poursuivrait un processus démocratique approprié au pays".

Selon un chercheur chinois, s'exprimant sous couvert d'anonymat, des membres en vue de l'opposition ont été reçus par un groupe de réflexion pékinois dirigé par le ministre des Affaires étrangères.

"C'est comme pour la Corée du Nord", dit-il, "les Occidentaux pensent que la Chine peut se passer de ses relations avec le Myanmar d'un seul coup. Mais notre influence est limitée et nous devons faire attention à ne pas rompre nos liens."

Les dirigeants des minorités ethniques qui peuplent la frontière entre les deux pays ont également été contactés et ont apparemment rencontré des universitaires chinois dans la ville de Kunming (sud-ouest de la Chine), affirme Small.

La Chine veut par là éviter que les petits groupes de rebelles de la frontière birmane ne menacent la sécurité dans cette zone et s'en prennent au projet d'oléoduc, pense-t-il.

RÉUNIONS INFORMELLES

Zin Linn affirme lui aussi que son mouvement a participé à des réunions informelles à Kunming avec des responsables politiques de la province du Yunnan, apparemment avec le soutien du ministre chinois des Affaires étrangères.

"Le gouvernement a beaucoup de problèmes avec sa frontière, qu'il s'agisse du sida ou du trafic de drogue, et nous leur avons dit qu'un régime démocratique pourrait vraiment stabiliser la région", rapporte-t-il.

Thaung Htun, représentant du NCGUB aux Nations unies, affirme lui aussi avoir rencontré à Kunming des responsables chinois de second rang.

"Ils nous ont fait part de leur sympathie quant aux difficultés économiques que vit notre peuple", a-t-il déclaré, avant d'ajouter que la Chine ne donnait pas l'impression d'être prête à abandonner la junte.

Il reconnaît toutefois l'intérêt de nouer des liens avec le voisin. "La Chine est notre grand voisin, elle se développe rapidement et devient une puissance majeure", admet-il.

La Chine reste évasive à l'évocation de ces prises de contact.

Mardi, un porte-parole du Parti communiste chinois, Guo Yazhou, a nié tout contact "officiel" avec l'opposition birmane.

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