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lundi, 12 février 2007

Le catalogue imparfait de Mme Royal

Par Bernard Delattre
Il y a un vraiment un peu de tout dans les 100 propositions du "Pacte présidentiel" présenté hier par Ségolène Royal.

Il y a du bon, de l'excellent même : nombre de mesures concrètes, quotidiennes et simples, aussi urgentes que salutaires, en matière de réforme de l'Etat, d'éducation, de formation, d'environnement ou de social. Sans oublier que Ségolène Royal a consacré le cinquième de son discours de dimanche à afficher un réel volontarisme dans le domaine international. Ce fut la vraie bonne surprise du congrès, venant d'une candidate qui, jusqu'à présent, a légitimement décontenancé maints observateurs étrangers par son amateurisme sur ces questions.

Il y a du moins bon, aussi. Le dirigisme économique réaffirmé par les socialistes va sans doute effrayer dirigeants d'entreprises et milieux d'affaires tant, malgré un vernis nouveau de pragmatisme, il traduit encore souvent un certain dogmatisme. Surtout, à première vue, ce catalogue présidentiel, s'il devait être intégralement mis en oeuvre, nécessiterait des moyens bien supérieurs au budget actuel de l'Etat. Pourra-t-il, dès lors, être appliqué sans laisser filer les dépenses et les déficits ?

Il y a encore, dans ce "Pacte", des déclarations d'intention si vagues et si dépourvues de chiffrage qu'elles en sont vraiment très - trop - confortables. Il y a enfin, parfois, comme un léger parfum de mystification dans l'air. Ainsi, comment Ségolène Royal peut-elle décemment invoquer sa "franchise", sa "lucidité", sa "rigueur" et sa "volonté de refuser les fausses promesses" puis, immédiatement après, promettre des choses aussi irréalisables pour elle-même et pour la France que la "réforme profonde du FMI, de la Banque mondiale et des statuts de la Banque centrale européenne" ?

L'humanisme mis en avant dimanche par Ségolène Royal est salutaire dans un pays que le pouvoir sortant, ces cinq dernières années, a laissé profondément se précariser sur le plan social et se tendre sur le plan sociétal - l'effarante flambée des banlieues de l'automne 2005 l'a bien montré. Mais cet humanisme n'est pas toujours crédible.

Pas plus que, dans le camp d'en face, n'est encore crédible le virage social d'un Nicolas Sarkozy que l'on a connu, ces mêmes années, si brutal.

Il reste moins de cent jours aux deux principaux candidats à l'Elysée pour crédibiliser tout cela. Et se montrer donc à la hauteur.

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