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mercredi, 07 février 2007

Ségolène Royal mobilise à gauche en stigmatisant Nicolas Sarkozy

PARIS (Reuters) - Avant l'étape cruciale de dimanche, où elle doit dévoiler les grandes lignes de son programme présidentiel, Ségolène Royal a fait feu de tout bois mardi contre Nicolas Sarkozy pour remobiliser la gauche.

Tirant un trait symbolique sur la mauvaise passe de janvier - sondages en berne, pilonnage de l'UMP et tiraillements internes, elle a affirmé qu'elle tiendrait bon, au cours d'un meeting classique, loin de la mise en scène des débats participatifs auxquels elle a participé tout au long de janvier.

"Ceux d'en face, à droite et dans leurs relais dociles dans les médias, m'avaient déjà congédiée", s'est-elle amusée face à plus de 5.000 personnes réunies dans de la Halle Georges Carpentier dans le XIIIe arrondissement de Paris, brandissant des pancartes "Ségolène Présidente!" et soufflant dans des cornes de brumes.

"La calomnie et les coups bas ont toujours fait partie de leurs méthodes (...) Je suis toujours là et bien là!", a-t-elle assuré depuis une estrade basse, comme pour souligner sa proximité avec le "peuple" qu'elle a opposé tout au long de son discours à la "nouvelle oligarchie", aux "possédants", au "sérail".

Devant un éventail de la gauche recomposée - Dominique Strauss-Kahn, Jean-Pierre Chevènement, Bernard Kouchner ou Christiane Taubira en tête - Ségolène Royal a affirmé avoir besoin de tout le monde "de vos différences et de votre unité".

Celle qui s'est présentée comme la future présidente de la "juste autorité" et de la "République de la parole tenue", a défendu son choix de "donner la parole au peuple" dans des débats participatifs sans lever le voile sur ses annonces de dimanche.

"Nous avons construit modestement, sereinement les fondations de notre maison commune", a-t-elle expliqué après avoir ironisé sur le "désordre démocratique en face". "Je vous l'assure, aucune tempête ne l'abattra, car c'est une force collective qui la tient!"

LES RAPPEURS, DE GAULLE ET JEANNE D'ARC

Dans le sillage de ses meetings aux Antilles et à Grenoble la semaine dernière, la première femme à avoir une vraie chance d'accéder à l'Elysée a poursuivi la contre-attaque face à Nicolas Sarkozy, qu'elle n'a jamais cité nommément.

Elle a accusé le ministre de l'Intérieur d'emprunter ses mots à "la droite américaine du temps de la guerre au Vietnam et à la dictature brésilienne".

"Cette élection est particulière. Nous nous battons contre une droite dure, agressive. Une droite arrogante qui dit tout et son contraire mais ne varie jamais sur l'essentiel: la défense de ses privilèges, de ses passe-droits, de ses abus, de ses réseaux et de ses clientèles, de son impunité", a-t-elle déclaré derrière un pupitre en plexiglas qui portait son slogan de campagne "Le progrès pour tous, le respect pour chacun".

Vêtue d'une veste blanche devenue l'un de ses emblèmes, elle a pris des accents parfois lyriques pour saluer "ceux qui travaillent dur", "les revenus les plus modestes" et fustiger les tenants d'un "capitalisme fou" et "avide de toujours plus de licenciements boursiers (...) plus de marchés sans foi ni loi".

Elle s'est posée en héritière des combats de la gauche, citant tour à tour la philosophe Simone Weil, Jean Jaurès, Léon Blum ou Albert Camus. Des figures tutélaires auxquelles Nicolas Sarkozy avait rendu hommage mi-janvier dans son discours d'investiture.

"Il est facile d'associer le temps d'un discours Guy Môquet et Achille de Peretti, Jeanne d'Arc et Edouard Balladur, mais quels que soient les mérites des seconds, sachons mettre à leur juste place autrement éminente la fille rebelle de Lorraine et le jeune résistant communiste, qui n'eurent jamais 20 ans parce qu'ils aimèrent la France à en mourir", a-t-elle déclaré.

Réactivant le clivage gauche-droite, Ségolène Royal a dénié au candidat de l'UMP le droit de "revisiter l'Histoire n'importe comment" tout en s'offrant le luxe de citer à plusieurs reprises le général de Gaulle.

Devant un auditoire très jeune, où se mêlaient "rouges" - les membres du Mouvement des jeunes socialistes (MJS) - et "violets - les représentants de la Ségosphère, la première femme à avoir une vraie chance d'accéder à l'Elysée a fait un grand écart culturel, citant dans un même élan le dramaturge allemand Bertold Brecht et le "cri de révolte" des rappeurs.

Face aux projets "communautaristes et anti-laïcs", pour un "tout petit nombre" de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal a promis une France "diverse, multiple, colorée, métissée et pourtant très française" qui "sait être fidèle à ses valeurs, protectrice de tous les siens et ouverte sur le monde".

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