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samedi, 03 février 2007

Chirac sonne la mobilisation générale pour l'environnement

PARIS (Reuters) - Jacques Chirac a lancé samedi au nom d'une quarantaine de pays un appel à "la mobilisation internationale contre la crise écologique", au lendemain de la publication d'un rapport confirmant le lien entre les activités humaines et le réchauffement climatique.

Cinq ans après son discours remarqué à Johannesburg, au cours duquel il avait évoqué "la maison qui brûle", le chef de l'Etat s'est posé en porte-drapeau de la cause environnementale, en tentant de donner une impulsion nouvelle au projet de création d'une agence onusienne compétente en la matière.

"Aujourd'hui, le temps est venu de la lucidité", affirme l'Appel de Paris qu'a lu Jacques Chirac à l'issue de la Conférence pour une gouvernance écologique mondiale. "Admettre que nous ne pouvons plus nous permettre d'attendre, que chaque jour qui passe aggrave les risques et les dangers."

Une quarantaine de pays, dont la quasi-totalité des membres de l'Union européenne, soutiennent cet Appel et appartiennent désormais à un groupe pionnier des "Amis de l'Organisation des Nations unies pour l'environnement (Onue)", qui devrait pour la première fois se réunir au printemps au Maroc.

Ce groupe a vocation à s'élargir pour parvenir, un jour, à convaincre les poids lourds de la scène internationale, comme les Etats-Unis, qui ne soutiennent pas encore le principe, en cours de discussion à l'Onu, d'une "super agence" coiffant les 500 accords multilatéraux et la vingtaine d'organisations actuellement compétentes en matière d'environnement.

"MYTHE LIBERAL"

"Il y a quelques grands pays qui doivent encore être convaincus et qui, enfermés dans une espèce de mythe libéral, refusent en réalité d'accepter les conséquences de leurs actes", a affirmé Jacques Chirac.

La Kenyane Wangari Maathai, prix Nobel de la Paix, et l'ancien vice-président américain Al Gore ont apporté leur soutien à cette initiative dans des messages diffusés pendant la conférence.

A en croire l'animateur Nicolas Hulot, cette réunion a permis de faire avancer la date à laquelle la nouvelle organisation verra le jour.

"Le fait que nous sommes un peu plus de 40 implique qu'il sera beaucoup plus difficile de ne pas entendre ce qui a été dit ici", a-t-il confié à Reuters.

"Il y a actuellement une telle distorsion d'efforts entre les pays qui tentent de faire des choses et les autres que cette velléité de quelques-uns risque de s'essouffler si on ne trouve pas un moyen d'édicter des règles communes."

Cette Onue - dont ni les financements, ni les attributions et ni-même le nom ne font consensus - pourrait avoir pour principes directeurs une Déclaration universelle des droits et devoirs environnementaux, charte qui créerait "le droit à un environnement sain et préservé".

"NE PAS REPETER LES ERREURS DU PASSE"

"Nous ne devons pas répéter les erreurs du passé", a mis en garde l'Indienne Sunita Narain, directrice du Centre pour la santé et l'environnement. "Il ne faut pas créer une institution qui ajoute à la confusion ou une entité qui serait une excuse pour ne rien faire."

Plusieurs militants écologistes souhaitent que cette future agence soit aussi puissante que l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Dans l'immédiat, c'est de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dont elle pourrait s'inspirer, en étant dotée d'une fonction de veille et d'alerte.

"A l'image de l'OMS, l'Onue sera une voix forte et reconnue dans le monde", peut-on lire dans l'Appel. "Elle doit être un instrument pour évaluer les dommages écologiques et comprendre comment y remédier (...) et un moyen pour soutenir la mise en oeuvre des décisions environnementales à travers la planète."

Le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) a prédit dans son rapport rendu public vendredi une élévation possible de la température moyenne de la planète de 1,8 à 4 degrés à la fin du 21e siècle.

Une telle évolution aurait des retombées majeures en matière d'élévation du niveau des mers ou de dérèglements climatiques.

"Une société ne se mobilise que si elle pense qu'il y a des solutions", a souligné l'ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine. "Si elle est convaincue qu'il n'y a rien à faire, elle va être prise de panique".

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