samedi, 23 mai 2009
"L’écœurement et le dégoût"
Benoît Lutgen, ministre wallon de l’Environnement, expédie une volée de bois orange au président du Parti socialiste, Elio Di Rupo. Et vante les mérites d’une coalition associant CDH, Ecolo et MR - une "Namuroise".
Comment avez-vous vécu l'affaire Donfut ?
C’était totalement imprévisible dans la mesure où Didier Donfut n’a jamais dit la vérité. D’ailleurs, il persiste - ce qui veut bien dire qu’on peut décréter toutes les règles éthiques que l’on veut : à partir du moment où quelqu’un ment Aujourd’hui, le CDH est submergé par un sentiment d’écœurement. La colère peut-être aussi, mais surtout l’écœurement. Et un profond dégoût.
Le PS dit "tout le monde fait cela", il y a des "affaires" dans les autres partis, et il a comparé le statut de Didier Donfut à celui de Catherine Fonck...
Ce sont des propos et des méthodes extrêmes que de créer cet amalgame. J’espère que le Parti socialiste va se ressaisir très rapidement et éviter de jeter ainsi la suspicion sur des personnes qui sont irréprochables et intègres. Et croyez bien que les évènements de ces derniers jours vont peser lourd dans la balance après le 7 juin. Notre contrat avec le PS se termine le 7 juin. Et au-delà de l’écœurement et du dégoût, il va y avoir des traces.
Sur le plan humain ?
Sur le plan humain et sur le plan politique. Utiliser des méthodes comme M. Donfut a pu le faire c’est une chose, mais qu’elles soient relayées par le président du PS Elio Di Rupo (lire dans les "Journées" ci-contre, NdlR), je ne peux pas l’accepter. Et personne ne peut accepter cela au CDH. Personne.
Ce sont des coups de canif dans le contrat PS/CDH ?
Non, ce sont des coups de canif pour la démocratie. Que le président du PS ait relayé de tels amalgames, nous ne pouvons pas l’accepter. Pourquoi éclabousser les autres ? Si le PS n’est pas capable de laver son linge sale en famille, qu’il ne salisse pas le linge des autres. C’est un danger pour la démocratie de telles méthodes. Je trouve qu’Elio Di Rupo ne se grandit pas en employant ce genre de méthodes ou en les encourageant. Et cela m’étonne de lui.
Le PS est-il infréquentable ?
Le PS des affaires est infréquentable, oui. Comme le MR quand certains ne paient pas leurs impôts : ces gens-là sont infréquentables. Partout, il peut y avoir des brebis galeuses.
Y en a-t-il au CDH ?
Aujourd’hui, je n’en connais pas. On peut porter à notre crédit la rapidité d’exécution face aux comportements inacceptables dans notre parti.
Pourquoi le CDH n'a-t-il pas soutenu une commission d'enquête sur le cas Donfut au Parlement wallon ?
Parce que la Justice doit faire son travail et qu’il risque d’y avoir des confusions entre le législatif et le judiciaire.
A l'heure des bilans, on ne parle que de la mauvaise gouvernance, êtes-vous déçu ?
Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir demain et après-demain, autour de la table de négociation des femmes et des hommes irréprochables. Et je vais quand même citer un contre-exemple : Rudy Demotte.Je le côtoie depuis deux ans et il est rigoureux, compétent, sérieux. Ce PS-là ne me pose pas de problème.
Prônez-vous un changement d'alliance après le 7 juin afin de reléguer le PS dans l'opposition ?
Le contrat avec le PS était clairement un contrat à durée déterminée. Il se termine le 7 juin. Après, les jeux sont ouverts.
D'après les sondages, trois partis seront nécessaires pour une coalition. Et deux grandes orientations possibles : un Olivier ou une Jamaïquaine. Laquelle a votre préférence ?
J’ajouterais une autre possibilité : l’alliance PS/MR. On a vu Didier Reynders tirer sur le PS puis Louis Michel modérer les propos de Reynders dans la foulée. PS et MR, ces deux meilleurs ennemis qui se nourrissent l’un de l’autre, sont capables de repartir ensemble en coalition le lendemain du 7 juin.
Malgré les invectives de ces derniers jours ?
Bien sûr. Plus que jamais
On répète : entre l'Olivier et la Jamaïquaine, où va votre préférence ?
La réalité, c’est qu’il y a deux partis neufs et alternatifs : le CDH et Ecolo. Je ne vais pas dire aujourd’hui "oui" à la place d’Ecolo, ce serait présomptueux. Maintenant, il est très clair que le CDH pourrait se retrouver dans cette configuration avec le MR et Ecolo. Nous aurions le rôle du trait d’union, du parti responsable, du leader de ce projet. C’est possible, oui, dans le cadre d’une "Namuroise". Et je préfère l’appeler la coalition "Namuroise" que la "Jamaïquaine".
Pourquoi ?
Parce que ce nom rappelle que PS et MR avaient fait le choix de gouverner ensemble en 2006. A Namur, capitale de la Wallonie. Et ce malgré le signal donné par l’électeur. Nous n’avons pu mettre en place une coalition CDH, Ecolo, MR qu’en l’arrachant à la force de notre volonté. Cela dit, le 7 juin nous tiendrons compte du signal de l’électeur, c’est évident.
Ce n'est pas évident : Philippe Moureaux, par exemple, dit: "Reconduisons l'Olivier"...
Mais Moureaux quand il dit cela, c’est un déni de démocratie; c’est aussi simple que cela.
Aujourd'hui, c'est Ecolo qui profite de la bagarre entre le PS et le MR, pas le CDH...
C’est ce que les sondages disent. Mais gagner un match parce que votre adversaire commet des fautes Ecolo, on est à cinq minutes de la fin du match, et ils ne jouent plus de peur de se prendre un goal. Pire : ils craignent l’auto-goal. On ne les entend plus, ils ne proposent plus rien. Cela dit, et ils le savent, j’ai énormément de respect pour Ecolo, et pour moi, c’est un partenaire privilégié pour nous. Par rapport à la gouvernance, notamment, qui va être une priorité de la prochaine coalition. Sur d’autres plans, en revanche, leurs idées tiennent parfois de l’aberration. La taxation au kilomètre. Mais dans le Luxembourg, c’est absurde sur le plan social et économique.
Etes-vous candidat à la succession de Joëlle Milquet à la présidence du CDH ?
La question ne se pose pas actuellement : nous nous concentrons avant tout sur les élections du 7 juin. Ensuite, nous verrons. J’ai eu la chance d’être secrétaire général du CDH, j’ai un attachement à la réalité des membres qui composent ce parti, je les connais bien. J’ai été sur le terrain sans arrêt lors de la transformation du parti. Section locale après section locale, je les ai toutes faites. Et j’ai gardé le contact. J’aime profondément ce parti. Et si un jour je dois prendre des responsabilités au sein de ce parti, je le ferai. Mais, je le répète, ce n’est pas la priorité aujourd’hui.
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